Quelques centaines de personnes bloquent depuis dimanche Port-Soudan (est), le poumon économique du Soudan, réclamant le gel de l’accord de paix historique signé samedi à Juba et salué par la communauté internationale.
Opposés à cet accord qui doit mettre fin à 17 ans d’une guerre meurtrière, des centaines de membres de la tribu des Beja, présente dans l’est soudanais, coupent depuis dimanche l’autoroute reliant Port-Soudan au reste du pays et bloquent les quais du port, principal accès à la mer, en y empêchant toute entrée ou sortie.
En tenue traditionnelle, les manifestants ont entonné lundi des chansons et scandé « Beja Hadid » (« Les Beja sont forts comme le fer »). Port-Soudan, ville au bord de la mer Rouge créée au début du 20e siècle par les Britanniques, est stratégique pour le pays. C’est de là que sortent des produits agricoles, comme le coton ou le sésame, et qu’entrent des produits manufacturés venus de l’étranger.
La ville compte aussi un terminal pétrolier. Les Beja se considèrent comme les véritables natifs de cette région et accusent les signataires de l’accord de paix d’appartenir à la tribu rivale des Beni Amr.
« Nous avons mené ces actions car ceux qui ont signé l’accord de paix ne représentent pas l’est du Soudan et parce que le texte n’a pas pris en considération le point de vue des habitants », a affirmé à l’AFP Sidi Moussa, un des responsables du mouvement.
« Nous ne laisserons rien passer tant que le gouvernement n’a pas satisfait notre demande de geler l’accord », a ajouté le dirigeant du syndicat des dockers, Aboud Elshribini. Les forces de sécurité ne sont pas intervenues pour le moment et le gouvernement n’a fait aucune déclaration.
Il s’agit du premier accroc après la signature de l’accord samedi par le Front Révolutionnaire du Soudan (FRS) composé de cinq groupes armés du Darfour, du Kordofan-sud et du Nil Bleu, et de trois mouvements politiques.
L’accord de paix a été signé à Juba, la capitale du Soudan du Sud, pays dont les dirigeants ont combattu durant environ trois décennies ceux de Khartoum avant d’obtenir leur indépendance en 2011 au terme d’une guerre qui a fait deux millions de morts et quatre millions de déplacés.
AFP