Au moins 17 civils ont été tués dans de nouveaux affrontements tribaux au Darfour, a indiqué vendredi un responsable dans cette région de l’ouest du Soudan régulièrement endeuillée par des disputes pour la terre ou l’eau.
Ces décès portent à une quarantaine le bilan des morts en une semaine de combats entre tribus au Darfour. Les derniers affrontements ont eu lieu jeudi dans la région montagneuse du Jebel Moun, au Darfour-Ouest frontalier du Tchad. Ils ont fait 17 morts civils et « des dizaines de blessés et de disparus », a indiqué Adam Rejal, porte-parole de la Coordination générale pour les réfugiés et déplacés du Darfour, qui a aussi fait état de quatre villages « entièrement incendiés ».
M. Rejal a accusé les Janjawids, des miliciens arabes dont des milliers ont rejoint les Forces de soutien rapide (FSR) intégrées au pouvoir militaire en place depuis le putsch d’octobre 2021, d’avoir commis ces violences. Depuis le 6 mars « cette milice attaque les villages du Jebel Moun: ils brûlent tout, puis ils tirent à la mitrailleuse et nous ne pouvons toujours pas aller récupérer les corps », a indiqué à l’AFP un dignitaire tribal local. « Aucune troupe gouvernementale n’est venue et nous vivons dans la peur, en redoutant une nouvelle attaque à tout moment », a-t-il ajouté sous le couvert de l’anonymat.
Entre le 5 et le 7 mars, 16 personnes ont été tuées dans des heurts entre une tribu arabe et des membres d’une ethnie africaine au Jebel Moun, selon un syndicat de médecins prodémocratie. Et, prévient M. Rejal, « de nouvelles attaques pourraient intervenir ». Des heurts entre éleveurs arabes et agriculteurs africains pour des disputes territoriales ou l’accès à l’eau ont déjà fait d’octobre à décembre près de 250 morts au Darfour, selon le syndicat de médecins.
Un conflit déclenché en 2003 au Darfour entre le régime à majorité arabe et les insurgés issus de minorités ethniques a fait environ 300.000 morts et déplacé près de 2,5 millions de durant les premières années de violences d’après l’ONU. Le Soudan, sorti en 2019 de trente années de dictature militaro-islamiste, a été le théâtre en octobre d’un coup d’Etat qui a interrompu un processus visant à établir un pouvoir civil, accentuant la crise économique.
Au Darfour, le vide sécuritaire créé par le putsch a favorisé une résurgence de la violence, expliquent les experts, avec des pillages de bases de l’ONU, des combats tribaux, des attaques armées et des viols.
AFP