Les dirigeants de l’opposition de la région séparatiste somalienne du Somaliland ont rejeté dimanche la décision prise la veille de prolonger le mandat du président de deux ans, avant son expiration le mois prochain.
« Cette décision nous a gênés. Le système démocratique de l’élection a été abandonné et exposé aux ténèbres hier, la confiance du public bafouée », a déclaré à des journalistes, dans la capitale Hargeisa, le chef du parti Wadani, Abdirahman Mohamed Abdullahi. « Le président a intentionnellement recouru à l’illégitimité, à la violation de la Constitution et à l’insouciance », a-t-il ajouté, disant ne pas accepter la prolongation de son mandat.
Un puissant conseil d’anciens, les Guurti, dont les décisions ne sont d’habitude pas contestées, a annoncé samedi avoir prolongé de deux ans le mandat du chef de l’Etat, quelques jours après le report de plusieurs mois de l’élection présidentielle prévue pour le 13 novembre. Muse Bihi Abdi a été élu président de cette République autoproclamée de la Corne de l’Afrique en novembre 2017, pour cinq ans.
Une nouvelle élection devait se tenir le 13 novembre, mais le président de la commission nationale électorale a annoncé le 24 septembre qu’elle ne pouvait se tenir à la date prévue pour des « raisons techniques et financières ». Un autre chef de l’opposition, Feysal Ali Warabe, chef du parti Justice et Bien-être (UCID), a lui déclaré dimanche qu’il cesserait de reconnaître la légitimité du président à partir du 13 novembre.
« Nous ne le reconnaîtrons pas comme président et Muse Bihi assumera la responsabilité de toute violence ou instabilité qui s’ensuivra », a-t-il dit.
Ce rejet de l’extension du mandat alimente les inquiétudes quant à un possible retour des tensions dans la région. Déjà en août, plusieurs personnes ont été tuées et des dizaines d’autres blessées après que la police a tiré sur des manifestants antigouvernementaux dans plusieurs villes, selon des membres de l’opposition et des témoins.
Ancien territoire britannique, le Somaliland a déclaré son indépendance de la Somalie en 1991, acte non reconnu par la communauté internationale. Cette région de 4,5 millions d’habitants est restée depuis lors pauvre et isolée. Mais elle a connu une relative stabilité alors que la Somalie a été ravagée par des décennies de guerre civile et d’insurrection islamiste.
AFP