Le député d’opposition sénégalais Ousmane Sonko a finalement annoncé mardi qu’il se rendrait chez le juge, qui veut l’interroger sur des accusations de viols, après avoir écouté ses avocats, son guide religieux et la société civile.
« Demain, à l’heure contenue dans la convocation (09H00 GMT et locales), nous irons répondre, écouter le juge » d’instruction au Palais de justice de Dakar, a déclaré tard dans la soirée devant la presse M. Sonko. « Nous irons chez le juge, mais ce n’est pas une abdication », a-t-il dit.
Le député de 46 ans fait l’objet depuis début février d’une plainte pour viols et menaces de mort déposée par une employée d’un salon de beauté dans lequel il allait se faire masser pour, dit-il, soulager ses maux de dos.
« Ce dossier sera facilement démontable devant toute juridiction », a-t-il assuré, tout en disant « ne pas avoir confiance dans cette justice » qui, au Sénégal, ne « tranche jamais dans un autre sens que la volonté du Prince ».
Lors de sa longue intervention, Ousmane Sonko, qui nie ces accusations, a une nouvelle fois multiplié les attaques contre le président Macky Sall, l’accusant sans relâche d’avoir ourdi un complot pour l’écarter de la prochaine présidentielle en 2024.
Le président sénégalais a récemment démenti avoir quoi que ce soit à voir avec les ennuis du député.Ousmane Sonko, arrivée troisième lors de la présidentielle de 2019, avait ces derniers jours annoncé qu’il ne répondrait pas à la convocation du juge, malgré la levée de son immunité parlementaire par les députés vendredi dernier.
Mais il a dit mardi soir avoir « écouté » depuis trois jours des représentants de la société civile, des milieux religieux et des partis d’opposition, qui lui ont dans leur grande majorité conseillé de se rendre chez le juge.
En cas de refus, le juge ordonnerait son arrestation, à laquelle ses partisans pourraient s’opposer, a-t-il souligné. Le risque serait alors d’être « condamné à six mois de prison » pour « rébellion » et de se voir rayé des listes électorales, a-t-il poursuivi, en disant vouloir faire preuve de stratégie pour éviter les « pièges » de ses adversaires.
« Nous pouvons perdre des plumes, mais Macky (Sall) peut perdre son pouvoir » dans cette affaire, a-t-il prédit, en appelant à la « mobilisation » au-delà de son camp.
Son guide religieux, Serigne Abdou Mbacké, avait affirmé un peu plus tôt lui avoir demandé de se rendre chez le juge « au nom de la paix et de la stabilité du pays ».
« L’apaisement dépend de Macky et de ses comploteurs », a affirmé le député, en accusant le chef de l’Etat de jouer son va-tout car il « sait que nous pouvons facilement le battre » si l’élection a lieu à la régulière.
La plainte contre M. Sonko a suscité des comparaisons avec les ennuis de Karim Wade, fils et ancien ministre de l’ex-président Abdoulaye Wade, et de Khalifa Sall, maire déchu de Dakar, tous deux frappés par des condamnations pour des malversations financières et empêchés de se présenter à la présidentielle de 2019.
M. Sall, 59 ans, élu en 2012 et réélu en 2019, maintient le flou sur l’éventualité d’une candidature à un troisième mandat, malgré la limite de deux instaurée après une révision constitutionnelle approuvée en 2016.
AFP