L’Eglise catholique du Sénégal a condamné mardi le « mépris » d’un imam pour des propos jugés offensants envers la communauté chrétienne, en l’invitant à présenter ses excuses sur la chaîne de télévision où il s’était exprimé.
L’imam Serigne Lamine Sall était invité jeudi sur le plateau de la chaîne de télévision locale Walf TV où il a notamment affirmé que les catholiques étaient « condamnés de la même manière » que les francs-maçons et les juifs dans l’islam. Selon lui, il n’existe que deux religions, « l’islam et les mécréants ».
Les propos de l’imam sont « inadmissibles et ne peuvent être justifiés que par le mépris, l’indécence et l’ignorance », a estimé mardi lors d’un point presse à l’archidiocèse de Dakar Philippe Abraham Birane Tine, le président du Conseil national du Laïcat, qui rassemble les associations et mouvements catholiques du pays.
Ces propos ont déclenché une vive polémique au Sénégal, pays ouest-africain réputé pour sa tolérance, avec une population musulmane à près de 95%. Parmi les réactions, Mame Mactar Guèye, vice-président de Jamra, une ONG islamique, a estimé sur une radio que « l’imam Serigne Lamine Sall aurait pu se passer de ces propos malheureux à l’égard de la communauté chrétienne.
C’est (une) parole de trop ». L’Eglise catholique du Sénégal a réclamé mardi des excuses de la part de l’imam Sall et demandé aux autorités une « auto saisine » du procureur dans ce type d’affaires. « Ce que nous attendons n’est pas compliqué: il y a un adage qui dit à offense publique, réparation publique. Nous souhaitons que l’imam revienne dans l’émission où il a parlé et qu’il présente ses excuses », a expliqué à l’AFP l’abbé Alphonse Birame Ndour, vicaire épiscopal de l’Eglise catholique du Sénégal, chargé du dialogue interreligieux.
En outre, selon lui, le parquet doit s’autosaisir car dès lors qu’il y a « flagrant délit et que la cohésion nationale peut être menacée ». « L’offense n’est pas faite seulement à la communauté chrétienne mais au Sénégal tout entier », a-t-il ajouté.
Pour M. Tine, qui a qualifié les propos de l’imam de « discriminatoires, outrageants, agressifs », ces derniers « confortent notre certitude que les fondements de notre nation sont en danger ». M. Tine a appellé le président sénégalais Macky Sall a mettre « tout en oeuvre pour que, désormais, les coupables de telles forfaitures soient repérés et sanctionnés ».
AFP