L’organisation Reporters sans frontières (RSF) a appelé mercredi le président tunisien à « préserver la liberté de la presse », l’un des principaux « acquis » de la Révolution de 2011, point de départ d’une vague de révoltes dans la région connue sous le Printemps arabe.
En publiant un rapport intitulé, « Journalisme en Tunisie: l’heure de vérité », l’ONG basée à Paris a dit vouloir « tirer un signal d’alarme », estimant que « le journalisme en Tunisie (était) à un tournant de son histoire » et qu’il y avait « un risque de dilution des acquis de la Révolution ».
RSF affirme dans son rapport que le coup de force du président Kais Saied qui le 25 juillet a gelé le Parlement et s’est octroyé tous les pouvoirs (législatif, exécutif et judiciaire) « s’est accompagné d’une augmentation des exactions commises à l’encontre de la presse ». L’organisation mentionne « la violente répression qui a touché une vingtaine de journalistes qui couvraient les manifestations » de vendredi dernier, parmi lesquels le correspondant du journal français Libération.
« Nous sommes extrêmement inquiets de ce virage autoritaire qui impacte directement la presse tunisienne », a déclaré le secrétaire général de RSF, Christophe Deloire, qui s’exprimait au lendemain de la dénonciation par une vingtaine d’ONG tunisiennes d’un « péril imminent » pour les libertés en Tunisie.
« Une presse libre et indépendante est indissociable de l’avenir de la démocratie tunisienne », a-t-il noté, appelant le président Saied « à s’engager résolument à préserver et respecter les garanties constitutionnelles et les engagements internationaux de la Tunisie en faveur de la liberté de la presse ». « La trop lente transformation du secteur médiatique tunisien depuis dix ans et les évolutions politiques récentes menacent la liberté de la presse, qui fut pourtant le premier acquis de la révolution tunisienne », a insisté l’ONG.
Le rapport de RSF « examine les relations ambiguës qu’entretient le président Saied avec les médias et les journalistes depuis son arrivée au pouvoir », fin 2019 après son élection à la présidence. Il fait aussi état de « relations troubles entre les médias, le monde politique et celui des affaires » et de « journalistes qui restent vulnérables aux pressions ». La Tunisie s’est placée au 73e rang sur 180 pays dans le classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF pour 2021.
AFP