L’Union européenne s’est dite prête à contribuer à un dialogue “inclusif” en Guinée, après l’annonce de la tenue d’un référendum constitutionnel, que l’opposition dénonce comme une manoeuvre du président Alpha Condé pour briguer un troisième mandat fin 2020.
“L’unité et la paix en Guinée doivent prévaloir sur les intérêts partisans”, a souligné vendredi l’UE dans un communiqué.
La Guinée est le théâtre depuis la mi-octobre de protestations, qui ont fait au moins 29 morts – 28 civils et un gendarme – contre le projet prêté de longue date au président, élu en 2010 et réélu en 2015, de chercher à se succéder fin 2020. L’actuelle Constitution limite à deux le nombre de mandats présidentiels.
L’avant-projet de nouvelle Constitution divulgué en décembre et qui sera soumis à référendum dans moins d’un mois maintient cette limite. Mais l’opposition soupçonne que l’adoption d’une nouvelle Constitution servira à M. Condé, 81 ans, de prétexte pour remettre son compteur présidentiel à zéro.
“Les préparatifs du processus électoral et la décision de coupler les élections législatives du 1er mars 2020 à un référendum constitutionnel divisent profondément le pays”, a estimé l’UE.
“L’importance de cette double échéance impose de s’assurer, dans le cadre d’un dialogue inclusif, des conditions de transparence et d’inclusivité, ainsi que du respect du cadre régissant les élections”, a-t-elle ajouté.
L’Union européenne s’est dite “prête à contribuer à la facilitation d’un dialogue inclusif, en partenariat avec les acteurs régionaux et internationaux”.
Vendredi, les Etats-Unis avaient déjà fait part de leur “préoccupation” à propos de la situation en Guinée, exhortant “toutes les parties à se lancer dans un dialogue civil non violent”.
Opposant historique qui connut l’exil et la prison, M. Condé a été le premier président démocratiquement élu en 2010 en Guinée, un pays de 13 millions d’habitants, pauvre malgré d’importantes ressources minières. Son avènement a marqué l’instauration d’un gouvernement civil après des décennies de régimes autoritaires et militaires. L’opposition dénonce toutefois une dérive “dictatoriale”.
AFP