Une nouvelle attaque de miliciens a fait au moins sept morts jeudi dans un site de déplacés d’Ituri (nord-est de la RDC) dont des occupants, en colère contre l’ONU, s’en sont ensuite pris à un camp de Casques bleus, a-t-on appris de sources locales.
Des miliciens Codeco sont accusés d’avoir mené cette attaque contre le camp de déplacés de Plaine Savo, à 3 km de Bule, en territoire de Djugu. Une soixantaine de déplacés avaient été tués au même endroit en février 2022 par cette milice, qui prétend défendre les intérêts de la communauté Lendu face à la communauté Hema.
« Les miliciens Codeco ont tué, incendié et pillé » dans la nuit à Plaine Savo, a déclaré Désiré Malodra, un représentant de la société civile. « Nous avons retrouvé 7 corps – 5 enfants et 2 adultes », a-t-il ajouté. « Comme il n’y a eu aucune intervention des Casques bleus et des FARDC (l’armée congolaise), des déplacés en colère se sont attaqués au camp de la Monusco (force de l’ONU en RDC) à Bule », a encore déclaré M. Malodra.
Selon lui, « ils ont saccagé le camp ». Après l’attaque du site de déplacés, à minuit, « une patrouille de la Monusco s’est rendue sur place pour sécuriser les lieux », a de son côté indiqué une porte-parole de la force onusienne. A 06H00, selon la même source, « des manifestants se sont rassemblés devant la base de la Monusco, jetant des pierres ».
Trois Casques bleus et cinq manifestants ont été légèrement blessés, a ajouté la Monusco, précisant en début d’après-midi que la situation était « calme et sous contrôle ». Le Dr Aimé Londjiringa, responsable de centre de santé de Bule, a précisé avoir reçu 23 blessés, dont trois « dans un état critique ».
Sept ont été amenés de Plaine Savo, les autres ont été blessés lors de la manifestation contre la Monusco (un par balle et 15 par des barbelés, selon lui). Les attaques contre les civils se multiplient en Ituri. Farhan Haq, porte-parole adjoint du secrétaire général de l’ONU, a annoncé mercredi qu’au moins 195 avaient été tués depuis décembre dernier.
Rien que la semaine dernière, selon des sources recoupées par l’AFP, plus de 60 personnes ont été tuées, la plupart par les Codeco qui disent agir en représailles à des attaques de la milice Zaïre, qui défend les Hema. Depuis l’apparition de la Codeco en 2017, la région aurifère d’Ituri a renoué avec les violences après une décennie d’accalmie.
Parmi les dizaines de groupes armés présents dans l’est de la RDC, la Codeco est présentée comme l’un des plus meurtriers. L’Ituri est aussi affectée par les violences des Forces démocratiques alliées (ADF), milice d’origine ougandaise qui a fait allégeance au groupe Etat islamique.
AFP