Le chef d’une milice accusée d’avoir tué ces trois dernières années 19 écogardes du Parc national des Virunga a été arrêté après une longue filature dans l’Est de la République démocratique du Congo (RDC), a annoncé jeudi le directeur de ce joyau naturel et touristique menacé.
« Après six mois d’enquêtes et de filature, les gardes-parc du Parc national des Virunga (PNVi) ont procédé à l’arrestation de Jackson Muhukambuto, le 8 juin au matin dans la périphérie de Butembo » dans la province du Nord-Kivu, a déclaré à l’AFP Emmanuel De Merode, directeur du PNVi.
« Nous estimons que Jackson Muhukambuto est directement responsable de la mort de 19 gardes-parc dans les trois dernières années », a-t-il expliqué, ajoutant que ses hommes sont soupçonnés d’avoir tué aussi de nombreux civils et membres des forces armées. M. Muhukambuto est le chef du groupe armé « +Maï-Maï Jackson+ qui opère dans près de la moitié de la surface du Parc national des Virunga, principalement autour du lac Édouard à la frontière de l’Ouganda.
C’est un des groupes armés avec un grand effectif au Nord-Kivu », a encore expliqué M. De Merode.Dans un récent rapport sur la situation des groupes armés dans l’Est de la RDC, le Baromètre sécuritaire du Kivu (KST en anglais) présente M. Muhukambuto comme un ancien commandant de l’armée congolaise et un vétéran des rebellions qui déstabilisent le Nord-Kivu depuis plus de 25 ans.
« Il dispose de solides réseaux » au sein de l’armée et des commerçants de la communauté Nande, majoritaire dans cette zone, et a également collaboré avec l’armée pour combattre les rebelles hutu rwandais de Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), d’après les experts.
En douze mois, 21 écogardes ont été tués dans des affrontements avec des groupes armés qui écument ce sanctuaire des gorilles de montagne, inauguré en 1925 et d’une superficie de 7.769 km2, selon un bilan du PNVi, la plus ancienne réserve naturelle d’Afrique. L’Est de la RDC est déstabilisé depuis près de trois décennies par la présence de dizaines de groupes armés locaux et étrangers. Le KST a recensé 122 groupes actifs dans quatre provinces de l’Est de la RDC.
AFP