Depuis le début du mois de juin, environ 7.500 Congolais se sont réfugiés en Ouganda, mettant à rude épreuve des installations déjà très surchargées dans ce pays. Ces nouveaux mouvements de population sont le résultat d’une grave détérioration de la situation dans la province d’Ituri, avec de « multiples attaques » impliquant les communautés Hema et Lendu.
« De nouveaux affrontements entre des groupes opposants les communautés Hema et Lendu dans le nord-est de la République démocratique du Congo (RDC) poussent les gens à franchir la frontière ougandaise à raison de 311 par jour, soit plus du double des 145 arrivées quotidiennes de réfugiés notées en mai dernier », a déclaré ce mardi à Genève, Andrej Mahecic, porte-parole de l’Agence de l’ONU pour les réfugiés.
La plupart des gens fuient en Ouganda via le lac Albert depuis la province d’Ituri, où le nombre de personnes déplacées internes est maintenant estimé à 300.000 depuis début juin. Selon le Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR), ces nouveaux réfugiés ont fait état d’une extrême brutalité. « Des groupes armés attaqueraient des villages, incendieraient et pilleraient des maisons et tueraient des hommes, des femmes et des enfants », a ajouté M. Mahecic.
Les réfugiés ont indiqué aux équipes de l’agence onusienne « qu’il est probable que d’autres personnes arriveront bientôt en Ouganda ». Cependant, certains groupes seraient empêchés de quitter la RDC par des groupes armés, tandis que d’autres auraient du mal à s’acquitter des frais liés au voyage en bateau – une somme équivalant à moins de 6 dollars.
Près des deux tiers des réfugiés sont des enfants de moins de 18 ans. Certains réfugiés fuyant la RDC arrivent avec des biens importants, craignant de ne pouvoir rentrer chez eux avant un certain temps. D’autres, qui ont fui un danger imminent, n’ont guère plus que les vêtements qu’ils portent.
Des sites de réfugiés débordés
Sur place en Ouganda, les installations de transit et de réception sont déjà débordées. Les nouveaux arrivants sont d’abord conduits dans un centre de transit situé à Sebagoro, un petit village de pêcheurs situé au bord du lac, où ils subissent un dépistage médical. Les réfugiés sont ensuite transportés au centre d’accueil de Kagoma, à quelques kilomètres de là. Le centre accueille actuellement quelque 4.600 nouveaux arrivants, soit 1.600 de plus que sa capacité maximale prévue.
Face à cette surpopulation dans les sites, plusieurs centaines de réfugiés ont reçu des parcelles de terrain à proximité du camp de réfugiés de Kyangwali.
« Cependant, le rythme des nouveaux arrivants signifie que les besoins dépassent de loin ce que les humanitaires sont en mesure de fournir », a fait valoir le porte-parole du HCR. Les abris et les articles de première nécessité constituent une priorité urgente. En outre, des bus et des camions sont nécessaires pour transporter les réfugiés des centres de réception aux points de passage aux zones de peuplement.
Selon le HCR, de nombreux réfugiés ont besoin de conseils psychosociaux, notamment les victimes de traumatismes. Bien que des centres de dépistage soient en place dans les points de collecte, les centres de transit et les centres d’accueil, les établissements de santé sont essentiels et doivent être modernisés. Les cliniques ont besoin de plus de médecins et de médicaments. Les écoles déjà surchargées et en sous-effectif ont besoin d’un soutien important pour répondre aux besoins éducatifs des nouveaux arrivants.
Mais pour répondre aux besoins les plus urgents des réfugiés congolais en Ouganda, le HCR n’a pourtant reçu que 150 millions de dollars, soit 17% du total nécessaire de 927 millions.