La famille et l’avocat belge de l’opposant rwandais Paul Rusesabagina, jugé pour « terrorisme » à Kigali dans un procès selon eux « inéquitable », ont appelé mercredi les autorités belges à exiger son transfèrement en Belgique, pays dont il a aussi la nationalité.
L’avocat, Me Vincent Lurquin, expulsé le 21 août du Rwanda après avoir été empêché de voir son client en prison, a expliqué qu’une enquête judiciaire avait été ouverte en 2019 à Bruxelles après une plainte des autorités rwandaises contre M. Rusesabagina, ce qui justifierait un transfèrement pour qu’il puisse se défendre dans ce dossier.
Les accusations sont identiques, il est question de « financement d’activités terroristes », a dit l’avocat lors d’une conférence de presse à Bruxelles. Et en Belgique, Paul Rusesabagina — connu pour être l’ancien directeur de l’Hôtel des Mille Collines dont l’histoire a inspiré le film « Hôtel Rwanda » — pourrait bénéficier du « vrai débat judiciaire » qui lui est refusé au Rwanda, a soutenu Me Lurquin.
L’avocat a dénoncé « l’arrogance » du régime du président rwandais Paul Kagame, dont la Belgique, ancienne puissance coloniale, « est visiblement la victime consentante » en n’exigeant pas assez fermement le respect des droits de son ressortissant. »Il faut maintenant qu’il y ait une réaction », a-t-il plaidé, regrettant « un manque de volonté politique » du gouvernement belge.
Selon Roger Rusesabagina, fils du héros de « Hôtel Rwanda », le régime Kagame « a enfreint toutes les lois possibles et imaginables » pour faire arrêter et juger son père. « Il devrait être libéré s’il était dans un Etat de droit, c’est ce qu’on aimerait (…) mais le minimum serait le transfèrement » vers la Belgique, a-t-il dit.
Vivant en exil depuis 1996 aux Etats-Unis et en Belgique, Paul Rusesabagina, âgé aujourd’hui de 67 ans, a été arrêté fin août 2020 à Kigali à la descente d’un avion qu’il pensait être à destination du Burundi.Sa famille et ses avocats ont dénoncé « un enlèvement ». Le Parlement européen, dans une résolution votée le 11 février 2021, ainsi que l’ONG Human Rights Watch ont condamné « une disparition forcée ».
De son côté, le gouvernement rwandais a admis avoir « facilité le voyage » vers Kigali, mais affirmé que l’arrestation était « légale » et que « ses droits n’ont jamais été violés ». Emprisonné depuis un an, l’opposant a été jugé entre février et juillet à Kigali, devant répondre de neuf chefs d’accusation dont celui de « terrorisme ». Il lui est notamment reproché son soutien au Front de libération nationale, groupe rebelle accusé d’attaques meurtrières au Rwanda. Il nie toute implication dans ces attaques.
La prison à vie a été requise à son encontre. Prévu initialement le 20 août, le verdict a été repoussé au 20 septembre.
AFP