Des représentants de l’ONU, de l’Union africaine (UA) et des pays d’Afrique de l’Ouest ont mis en garde en Guinée contre les « discours de haine à relent ethnique » pendant la campagne pour l’élection présidentielle et annoncé le déploiement d’observateurs africains.
Cette mission conjointe de l’ONU, de l’UA et de la Cédéao (Communauté des Etats d’Afrique de l’Ouest) est survenue pendant une campagne électorale agitée, comme souvent en Guinée, marquée mercredi par la mort d’un jeune tué par balles à Dalaba et des heurts qui ont fait une quinzaine de blessés à Faranah (centre).
« La Mission a condamné fermement les violences et les discours de haine à relent ethnique, en particulier, susceptible d’encourager les violences », selon un communiqué diffusé samedi matin, au terme de cette visite.
Le président Alpha Condé, candidat à un troisième mandat controversé, et son principal opposant, Cellou Dalein Diallo, s’accusent mutuellement d’attiser les tensions intercommunautaires, dans un pays où l’appartenance ethnique est considérée comme un facteur de vote déterminant.
« La Mission conjointe a informé du déploiement des observateurs de la Cédéao et de l’Union africaine dans les prochains jours à Conakry afin de contribuer à une élection crédible et transparente » le 18 octobre, selon le texte.
Elle a également demandé aux protagonistes de signer « un code de bonne conduite avant l’élection et de s’abstenir d’annoncer les résultats avant les organes chargés de le faire selon la loi ».
Interrogée sur la candidature controversée de M. Condé à un troisième mandat, la ministre ghanéenne des Affaires étrangères, Shirley Ayorkor Botchway, dont le pays préside actuellement la Cédéao, a estimé que cette question était « dépassée », à deux semaines du scrutin.
« Si le troisième mandat est un problème pour les citoyens guinéens, ils pourront bien sr l’exprimer par leur vote », a-t-elle déclaré lors d’une conférence de presse vendredi soir à Conakry.
Ancien opposant historique, M. Condé, 82 ans, premier président démocratiquement élu en 2010 après des décennies de régimes autoritaires en Guinée, a été réélu en 2015.
Il a fait adopter, lors d’un référendum contesté en mars, une nouvelle Constitution qui maintient la limite de deux mandats présidentiels. Mais lui et ses partisans arguent que ce changement de loi fondamentale remet les compteurs à zéro.
Ses adversaires dénoncent un « coup d’Etat constitutionnel ». La protestation contre une nouvelle candidature de M. Condé a mobilisé à différentes reprises depuis octobre 2019 des milliers de Guinéens.
Ces manifestations ont été plusieurs fois durement réprimées et des dizaines de civils ont été tués lors de heurts.
AFP