La Cour constitutionnelle du Bénin a définitivement validé lundi trois candidatures pour la présidentielle d’avril, dont celle du président Patrice Talon, et a débouté huit opposants qui avaient déposé un recours, a-t-on appris lundi auprès de cette institution.
Le 11 avril prochain, les 5,5 millions d’électeurs béninois auront le choix entre trois candidatures: celle du président sortant Patrice Talon, et celle de deux opposants peu connus du grand public.
Il s’agit de l’ancien ministre Alassane Soumanou du parti d’opposition Force cauris pour un Bénin émergent (FCBE), et de Corentin Kohoué, une figure dissidente parmi les opposants.
La Cour a entériné lundi ces trois candidatures qui avaient été retenues par la Commission électorale il y a dix jours. Elle a débouté auparavant huit opposants, qui l’avait saisie pour contester la non validation de leur dossier de candidature par la Commission.
Le Bénin, petit pays ouest-africain, longtemps vu comme un modèle de démocratie mais qui a récemment pris un virage autoritaire, s’apprête à vivre un scrutin inédit, auquel les grandes figures de l’opposition ne participeront pas.
Certaines se trouvent en exil ou condamnées à des peines d’inéligibilité. D’autres ont vu leur candidature recalée par la commission électorale, car ne disposant pas d’un nombre suffisant de parrainages.
La nouvelle loi électorale impose au candidat à la présidentielle – qui sera élu pour un mandat de cinq ans- d’être parrainé par au moins 16 députés ou maires. Or, seuls six de ces 159 élus appartiennent à un parti d’opposition.
Les opposants recalés dénoncent cette disposition, qui selon eux, empêche la tenue d’une élection participative et transparente. Le président Patrice Talon a obtenu 118 parrainages sur les 159, laissant mathématiquement la place à deux autres candidatures seulement.
Rekiath Madougou, candidate du parti Les Démocrates dont le dossier a été rejeté, a dénoncé une « fraude au sommet de l’Etat ».
Selon elle, sa candidature disposait de 21 parrainages, mais elle accuse les partis, en charge de déposer les parrainages à la commission, de ne pas les avoir transmis.
Le député Ahmed Affo Tidjani, du parti Union progressiste (majorité présidentielle) a affirmé à la presse avoir voulu donner son parrainage à Mme Madougou, mais en avoir été empêché par son parti.
Le tension autour du scrutin semble avoir encore monté d’un cran: trois responsables du parti Les Démocrates ont été convoqués vendredi et lundi par la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme.
Ils sont accusés d’avoir perçu de l’argent pour « recruter des jeunes aux fins de saboter le processus électoral », selon leur parti qui dénonce « un complot ».
AFP