Le ministre ougandais des Finances, Amos Lugoloobi, a été arrêté dans le cadre de l’enquête sur le détournement d’au moins 14.500 plaques de tôle destinées à des logements à bas prix dans une région pauvre, a annoncé samedi la police.
M. Lugoloobi, accusé de s’être appproprié 600 de ces plaques de toiture, est le deuxième ministre arrêté en moins de deux semaines dans cette affaire qui a suscité un tollé dans ce pays d’Afrique de l’Est où la corruption est endémique.
La ministre en charge de la région de Karamoja, Mary Goretti Kitutu, avait été arrêtée avec son frère le 4 avril puis ensuite inculpée par un tribunal pour avoir causé « une perte pour le gouvernement » et « association de malfaiteurs à des fins de fraude ». Elle et son frère ont passé huit jours en détention, avant d’être libérés sous caution vendredi.
Selon la police, plus d’une dizaine de ministres, 31 membres du Parlement et 13 agents administratifs sont visés dans cette enquête, lancée à la demande du président Yoweri Museveni.
« A la suite d’enquêtes en cours sur les allégations de vol et de détournement de tôle destinées à la région de Karamoja, le Bureau du directeur des poursuites pénales a engagé des poursuites contre l’honorable Amos Lugoloobi, ministre des Finances, de la Planification et du Développement économique », a déclaré samedi à l’AFP le porte-parole de la police ougandaise, Fred Enanga.
« Le ministre Lugoloobi a été arrêté hier soir (vendredi) et est actuellement détenu à la division de police de Kira (dans la capitale Kampala, ndlr) en attendant sa comparution devant un tribunal », a-t-il déclaré.
Lugoloobi a été arrêté quelques heures après avoir fait ramener 600 plaques de tôle dans des entrepôts du bureau du Premier ministre, qui supervise le développement de la région de Karamoja. Cette région instable du nord-est de l’Ouganda, frontalière du Kenya et du Soudan du Sud, est la plus pauvre du pays.
Catastrophes naturelles (sécheresse, inondations, glissements de terrain), invasions de criquets et de chenilles légionnaires ainsi que d’incessants vols de bétail ont plongé une grande partie de ses habitants dans la faim.
Lors de l’arrestation de Mary Goretti Kitutu, le chef de l’opposition ougandaise, Bobi Wine, avait dénoncé un « écran de fumée », accusant le gouvernement de Yoweri Museveni, au pouvoir depuis 1985, de bien pire.
« Nous ne pouvons pas nous réjouir d’une accusation liée à des tôles de fer alors que des milliards de dollars sont détournés par des responsables gouvernementaux », a-t-il affirmé.
AFP