Au moins 40 civils ont été tués dans une attaque jihadiste massive contre une base militaire dimanche à Djibo, dans le nord du Burkina Faso, miné depuis 2015 par ce type de violences, a annoncé mardi l’ONU.
Il s’agit du premier bilan des victimes civiles de cette assaut annoncé plus tôt mardi à l’AFP par des sources sécuritaires burkinabè, qui ont ajouté que des dizaines d’entre eux avaient ensuite été tués par l’armée.
« Quelques » soldats ont également été tués, avaient-elles indiqué sans en donner le nombre, et sans évoquer de victimes civiles.
Djibo, proche de la zone dite des trois frontières entre Niger, Burkina et Mali où sévissent les groupes jihadistes liés à Al-Qaïda et à l’Etat islamique, est assiégée par ces derniers depuis plus d’un an.Plusieurs convois cherchant à la ravitailler ont été attaqués.
« Un grand nombre de combattants » du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM) affilié à Al-Qaïda, « a attaqué une base militaire, des maisons et les camps de personnes déplacées internes dans la ville de Djibo, dans la région du Sahel, tuant au moins 40 civils et en blessant plus de 42 », a affirmé le Haut commissariat de l’ONU aux droits de l’Homme, dans un communiqué, se disant « atterré ».
« Les responsables devront rendre des comptes après des enquêtes rigoureuses, impartiales et indépendantes des autorités », a-t-il ajouté, soulignant que « cibler délibérément des civils ou des individus qui ne prennent pas directement part à des hostilités constitue un crime de guerre ».
Plus tôt mardi, une source sécuritaire avait
indiqué à l’AFP que « le détachement militaire de Djibo » avait été « la cible d’une attaque jihadiste d’envergure perpétrée par des groupes armés terroristes », précisant que « quelques » soldats avaient « payé le sacrifice suprême pour tenir Djibo ».
Elle ajoutait qu’une riposte de l’armée avait permis d’infliger « de lourdes pertes à l’ennemi ».
Selon une autre source sécuritaire, « l’attaque a débuté vers 15H00 (locales et GMT) et été menée par plusieurs centaines d’hommes armés qui ont tenté en vain de pénétrer dans la base (militaire).Ils ont réussi à faire des brèches face à des engins blindés, mais ont été frappés » par des aéronefs de l’armée.
« Les assaillants, venus massivement à bord de motos et (véhicules) pickups, ont également effectué plusieurs tirs à l’arme lourde » dont certains ont visé « l’appui aérien », a poursuivi la même source.
Elle a en outre affirmé que l’attaque avait été menée par « plusieurs vagues de groupes armés » pendant « plus de trois heures ».
Lundi, « la traque menée contre les (jihadistes) rescapés a également permis de neutraliser plusieurs dizaines d’autres terroristes », a également confirmé cette source sécuritaire.
– Milliers d’assaillants –
Selon l’Agence d’information du Burkina Faso (AIB, officielle) « plus de 400 terroristes (ont été) décimés lors de la contre-offensive des Forces armées burkinabè contre près de 3.000 criminels qui ont tenté de s’emparer de la ville de Djibo ».
Cette « horde de terroristes » s’était « donnée pour mission de semer la mort et la désolation à Djibo, avant de prendre le contrôle de la ville », selon l’AIB.
La région du Sahel, dans laquelle Djibo se trouve, est la plus touchée par les attaques jihadistes qui ensanglantent le Burkina Faso.
Ce pays est dirigé depuis 2022 par des militaires ayant pris le pouvoir par la force.
Le capitaine Ibrahim Traoré, auteur en septembre 2022 du deuxième coup d’Etat en huit mois, s’est donné comme priorité la lutte contre les groupes jihadistes dont environ 40% du territoire échappe au contrôle de l’armée.
Depuis 2015, le Burkina est pris dans une spirale de violences perpétrées par les groupes jihadistes, qui frappaient déjà le Mali et le Niger voisins.
Elles ont fait plus de 17.000 morts civils et militaires depuis huit ans, dont plus de 6.000 depuis le début de l’année 2023, selon l’ONG Acled qui répertorie les victimes des conflits dans le monde.
Ces violences ont en outre entraîné le déplacement de plus de deux millions de personnes à l’intérieur du pays, selon le Conseil national de secours d’urgence et de réhabilitation (Conasur).
AFP