Les pays occidentaux doivent évacuer de « toute urgence » les migrants les plus vulnérables bloqués en Libye, réclame l’ONG française Médecins sans frontières (MSF) dans un rapport paru lundi, proposant notamment l’ouverture de nouveaux « corridors humanitaires ».
Les quelques voies légales de sortie, mises en place par l’Organisation internationale des migrations (OIM) et le Haut-commissariat aux réfugiés (HCR) de l’ONU, sont trop « restrictives et lentes », justifie Jérôme Tubiana, l’auteur du rapport.
« En Libye, la grande majorité des exilés sont victimes de détention arbitraire, de torture et de violences, y compris sexuelles. Leurs possibilités de protection physique et juridique y sont extrêmement limitées et fragiles. En conséquence, la route migratoire, très souvent mortelle, via la mer Méditerranée est parfois leur seule échappatoire », dénonce l’ONG dans ce rapport dont la publication coïncide avec la Journée mondiale des réfugiés.
MSF réclame donc la généralisation du mécanisme mis en place avec l’Italie, où « un corridor humanitaire a déjà été ouvert et permet la sortie d’un certain nombre de personnes en situation de grande vulnérabilité ». « Ce type de mécanismes doit pouvoir être dupliqué », estime l’une des rares ONG intervenant auprès des migrants en Libye, qui appelle « à accélérer de toute urgence » leur évacuation.
« Les organisations ne considèrent pas les critères de vulnérabilité des migrants. Le dispositif est totalement inadapté à ceux qui sont le plus en danger et qui tentent de traverser la mer pour fuir », estime M. Tubiana, en référence au système d’enregistrement des migrants, principalement géré par le HCR et qui ne prend en compte que neuf nationalités.
Sur les 40.000 personnes inscrites sur les listes du HCR, seules 1.662 ont pu quitter la Libye en 2021 grâce aux programmes dits de « réinstallation ». Et 3.000 personnes ont bénéficié du programme de « retour volontaire » de l’OIM. « Certains des premiers à avoir été listés en 2017 sont encore sur place », souligne Jérôme Tubiana. Le rapport estime à 600.000 le nombre d’exilés en Libye.
Face à cette situation, l’ONG voit dans les couloirs humanitaires une solution « plus rapide et plus ouverte », avec « moins de critères de sélection », poursuit Jérôme Tubiana. MSF assure mener des discussions sur ces corridors avec une dizaine de pays dont la France, le Canada et les Etats-Unis. L’ONG insiste par ailleurs pour que les Etats de l’UE cessent leur soutien politique ou financier au système de retours forcés vers la Libye lorsque des migrants sont interceptés en mer.
AFP