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Modernisation des infrastructures au Cameroun : La BAD investit 330 millions d’euros dans l’axe Ngaoundéré-Garoua

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Le Cameroun s’engage dans une transformation majeure de son réseau routier avec la réhabilitation de la section Ngaoundéré-Garoua , un axe clé du corridor Douala-Ndjamena . Un prêt de 330,48 millions d’euros accordé par la Banque africaine de développement (BAD) devrait permettre la modernisation de cet itinéraire de 246 km , avec des ambitions économiques et sociales considérables. Mais derrière les chiffres et les discours officiels, ce projet pose des questions cruciales : s’agit-il d’un pas décisif vers le développement ou d’un nouvel enjeu logistique et financier pour le pays ?

L’importance de cette route ne se limite pas aux frontières camerounaises. Elle représente un pont stratégique entre l’Afrique centrale et l’Afrique de l’Ouest , facilitant les échanges commerciaux entre le Cameroun, le Tchad et au-delà. Les produits agricoles et manufacturés circulent quotidiennement sur cet axe, alimentant les marchés et favorisant l’intégration régionale.

Avec un réseau routier vieillissant et souvent en mauvais état, la modernisation de Ngaoundéré-Garoua apparaît comme une priorité nationale. Selon Alamine Ousmane Mey, ministre de l’Économie , cette route est « essentielle pour la compétitivité de notre économie et pour la valorisation des ressources locales ».

Mais cette réhabilitation n’est pas qu’un simple projet d’infrastructure. Elle s’accompagne d’un volet social important , avec la construction d’ écoles, de marchés et de centres de santé le long du tracé, visant à améliorer le quotidien des populations riveraines .

Si l’initiative est ambitieuse, elle repose quasiment intégralement sur un financement extérieur . La BAD prend en charge 97 % du coût total du projet , tandis que le gouvernement camerounais n’apporte que 9,14 millions d’euros . Cette forte dépendance aux fonds étrangers pose une question fondamentale : le Cameroun pourra-t-il, à terme, assurer lui-même le développement de ses infrastructures stratégiques ?

De plus, l’endettement du pays est scruté de près. La multiplication des prêts pour financer les infrastructures suscite des inquiétudes quant à la capacité de remboursement du Cameroun et à l’impact à long terme sur ses finances publiques.

L’axe Ngaoundéré-Garoua n’est pas qu’un projet économique. Il s’agit également d’un enjeu sécuritaire et logistique . La région nord du Cameroun est confrontée à des défis liés aux menaces terroristes et aux tensions transfrontalières . Un investissement dans les infrastructures pourrait renforcer la stabilité en facilitant les déplacements et en améliorant l’accès aux services de base, mais cela suffira-t-il à garantir la sécurité de la zone ?

De plus, la gestion des travaux et leur exécution transparente seront cruciales. Les projets d’infrastructure en Afrique sont souvent évoqués pour leurs retards, leurs dépassements de coûts et parfois même des malversations. Le succès du projet dépendra donc d’un suivi rigoureux et d’une mise en œuvre efficace .

Ce projet s’inscrit dans une vision plus large du développement national , alignée sur la Stratégie nationale de développement 2020-2030 (SND30) et sur les priorités de la BAD pour le Cameroun (2023-2028) . L’objectif est clair : renforcer la compétitivité du pays et son intégration régionale .

Mais la modernisation de Ngaoundéré-Garoua ne doit pas être un projet isolé . Elle devra s’accompagner d’un renforcement des infrastructures connexes , d’une gestion efficace des flux commerciaux et d’une politique de développement régional cohérent .

Imedias.net

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