La justice mauritanienne a accepté vendredi pour des raisons de santé de relâcher sous contrôle judiciaire l’ancien président Mohamed Ould Abdel Aziz, tombé en disgrâce et incarcéré depuis plusieurs mois dans un dossier de corruption présumée, a annoncé le ministère de la Justice.
Mohamed Ould Abdel Aziz, 65 ans, avait été hospitalisé fin décembre pour des soins urgents après un malaise, selon ses avocats. Il a subi le 1er janvier, avec succès selon l’hôpital, une intervention cardiaque visant à élargir les vaisseaux et favoriser la circulation du sang.
Les médecins qui le suivent ont préconisé, dans un rapport, « un mode de vie tranquille et exempt de toute forme d’anxiété et de pression psychologique », dit le ministère dans un communiqué. Le parquet a demandé en conséquence qu’il soit relâché et les juges en charge de l’enquête ont accepté qu’il soit placé sous contrôle judiciaire et médical à son domicile, a rapporté le ministère.
Ce dernier a assuré que M. Aziz, qui a dirigé la Mauritanie de 2008 à 2019, avait bénéficié de bonnes conditions de détention, d’une réponse « rapide et efficace » des services de l’Etat à la dégradation de sa santé et d’une « prise en charge médicale de haut niveau ».
L’ex-chef d’État a été inculpé en mars 2021 pour corruption, blanchiment d’argent, enrichissement illicite, dilapidation de biens publics, octroi d’avantages indus et obstruction au déroulement de la justice. Il a été placé en détention en juin pour non-respect des mesures de son contrôle judiciaire et trouble à l’ordre public.
La justice avait été saisie en août 2020 du rapport d’une commission d’enquête parlementaire chargée de faire la lumière sur des faits présumés de corruption et de détournement de fonds publics pendant les plus de 10 années de pouvoir de M. Aziz.
La commission s’est penchée sur plusieurs aspects: gestion des revenus pétroliers, vente de domaines de l’Etat, liquidation d’une société publique assurant l’approvisionnement du pays en denrées alimentaires, activités d’une société chinoise de pêche… L’ex-président, qui crie au « règlement de comptes », a toujours refusé de parler au juge d’instruction. Il s’estime protégé par l’immunité que lui confère, selon lui, la Constitution.
AFP