Une militante marocaine des droits humains en détention pour trois ans, a été condamnée à deux ans de prison ferme dans une autre affaire pour des propos jugés offensants envers le roi et la justice, a-t-on appris jeudi auprès de ses avocats.
Saida El Alami « était poursuivie pour +offense envers le roi+ et +outrage envers un magistrat ou un fonctionnaire public dans l’exercice de leurs fonctions+ à la suite de propos qu’elle a tenus lors de son précédent procès », a indiqué à l’AFP son avocat Ahmed Ait Bennacer.
Le tribunal de première instance de Casablanca l’a condamnée mercredi soir à deux ans de prison ferme. Elle purge déjà une peine prononcée en appel en septembre 2022 de trois ans de prison ferme pour « outrage envers un corps constitué », « diffusion de fausses allégations ou de faits mensongers, en vue de porter atteinte à la vie privée des personnes ou de les diffamer » sur Facebook.
« Nous ignorons pour l’heure si le principe de non-cumul des peines sera appliqué ou pas car la procédure judiciaire est toujours en cours », a précisé Souad Brahma, une autre avocate de la défense, qui compte faire appel.
Placée en détention depuis fin mars 2022, cette Marocaine de 49 ans, qui se présente comme une « dissidente politique » sur Facebook, postait régulièrement des publications critiques à l’encontre des autorités sur les réseaux sociaux. Elle a notamment dénoncé des responsables des services de sécurité et la corruption au sein de la justice, selon l’ONG de défense des droits humains Amnesty International.
Sa nouvelle condamnation est assortie d’une amende de 20.000 dirhams (plus de 1.800 euros). Membre du collectif « Femmes marocaines contre la détention politique », Mme El Alami a affiché son soutien à des journalistes et activistes marocains condamnés par la justice et emprisonnés, comme Omar Radi et Soulaimane Raissouni.
Après son arrestation, Amnesty avait demandé aux autorités marocaines « de mettre fin aux poursuites visant des militant·e·s qui ont critiqué des personnalités publiques, des représentant·e·s ou des institutions de l’État, et de veiller à ce que les citoyen·ne·s soient libres d’exprimer leurs opinions sans craindre des représailles ».
AFP