Un acteur influent de l’effort de stabilisation du Mali, le Carter Center, a suspendu ses activités d’observateur indépendant de l’accord d’Alger alors que ce pacte important pour contenir la violence est jugé moribond.
Le Carter Center, fondé par l’ancien président Jimmy Carter (1977-1981) et son épouse Rosalynn, a justifié auprès de l’AFP sa décision par l’arrêt du financement de ses activités, lié au retrait de la mission de l’ONU (Minusma).
La Minusma, déployée depuis 2013 dans ce pays confronté à l’expansion jihadiste et à une crise multidimensionnelle profonde, doit se retirer d’ici à fin 2023. Après des mois de dégradation des relations, elle a été poussée vers la sortie par la junte qui a pris le pouvoir par la force en 2020.
Or la Minusma administrait le fonds créé par le Conseil de sécurité et finançant les activités d’observateur du Carter Center. Le Carter Center était chargé depuis 2017 d’officier comme observateur indépendant de la mise en oeuvre de l’accord d’Alger.
Cet accord a été signé en 2015 par l’Etat malien avec des groupes indépendantistes ou autonomistes à dominante touareg et des groupes loyalistes pour mettre fin aux hostilités engagées en 2012 avec les insurrections sécessionniste et salafiste.
Les jihadistes, eux, ont continué le combat. L’application de l’accord est de longue date présentée comme essentielle pour espérer stabiliser le pays. L’accord est très mal en point et les hostilités n’ont jamais paru aussi près de reprendre entre Touareg et armée nationale.
Une porte-parole du Carter Center a confirmé à l’AFP l’authenticité d’une lettre envoyée à l’une des parties prenantes à l’accord et annonçant la suspension des activités d’observateur indépendant à partir du 1er octobre.
Du fait de l’arrêt des opérations de la Minusma, le Carter Center ne bénéficie plus depuis le 1er août du soutien du fonds onusien, dit la lettre. Le coût annuel des activités d’observateur s’élevait à environ un million de dollars, a dit la porte-parole.
Le Carter Center avait pour tâche d’évaluer et de rendre compte de l’application de l’accord. Le Carter Center poursuit ses autres activités en faveur de la paix ou de la santé au Mali, a précisé la porte-parole.
AFP