Les autorités maliennes ont retiré son passeport diplomatique jeudi à l’imam Mahmoud Dicko, éminente personnalité religieuse et politique, et critique de la junte au pouvoir, a-t-on appris auprès de son entourage.
Les autorités n’ont fourni publiquement aucune explication à ce retrait. Il survient quatre jours après un référendum sur une nouvelle Constitution, auquel l’imam s’est opposé frontalement, et six après une violente diatribe de sa part contre la junte.
L’imam Dicko s’est fait retirer son passeport diplomatique à l’aéroport de Bamako à son retour d’une conférence en Mauritanie voisine, a rapporté un membre proche de son entourage qui s’exprimait sous le couvert de l’anonymat compte tenu de la sensibilité de cet acte à l’encontre d’une personnalité de premier plan.
L’imam Dicko avait reçu ce passeport sous l’ancien président Ibrahim Boubacar Keïta, renversé par un groupe de colonels en août 2020. L’imam a été la figure tutélaire de mois de contestation qui ont précédé la destitution du président Keïta. Il a d’abord soutenu la junte, avant d’en devenir un ardent détracteur.
Un membre des services de sécurité s’exprimant lui aussi sous le couvert de l’anonymat a invoqué des « erreurs techniques » dans le passeport. L’imam, très écouté au Mali, a pu rentrer chez lui. Il a été ces derniers mois l’un des meneurs d’un front hétéroclite constitué contre une nouvelle Constitution.
L’imam et d’influentes organisations religieuses dénoncent le maintien du principe de la laïcité de l’Etat dans le texte. Il s’est livré vendredi, lors d’une réunion publique pour le non, à une virulente sortie contre la junte qui a « confisqué la révolution du peuple » de 2020 selon lui. Les Maliens ont voté sur le texte dimanche. Les résultats devraient être connus d’ici à vendredi.
AFP