La junte au pouvoir au Mali a défié jeudi ses partenaires régionaux en annonçant le lancement d’un « processus » de transition de « deux ans » alors que ceux-ci demandent à Bamako d’organiser des élections en 16 mois maximum.
« Je dois vous dire que les discussions avec la Cédéao (Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest, ndlr) continuent », a déclaré devant le Conseil national de la transition (CNT) Choguel Maïga, le Premier ministre installé par les militaires.
Le CNT fait office d’organe législatif. Ses membres ont été nommés par le colonel Assimi Goïta, à la tête du pays depuis mai 2021. « Nous avons espéré de semaine en semaine trouver un accord avec la Cédéao pour rentrer dans un processus d’accélération (…) mais nous sommes arrivés à un point où nous avons perdu trois mois de discussion et aujourd’hui nous avons décidé de ne plus attendre », a dit M. Maïga.
« A partir de cet instant nous engageons le processus de mise en oeuvre de tout le plan de la transition pour les deux ans qui ont été retenus par le président de la transition », le colonel Goïta, a-t-il ajouté.
« La preuve est faite par A+B qu’on ne peut pas aller en-deçà de 24 mois sauf si on décide de reporter ou de ne pas faire jusqu’au bout certaines actions », a encore affirmé M. Maïga. Plongé depuis 2012 dans une crise sécuritaire profonde que le déploiement de forces étrangères n’a pas permis de régler, le Mali a connu deux coups d’Etat militaire depuis août 2020.
Comme la Guinée et le Burkina Faso, où des militaires ont pris le pouvoir en septembre 2021 et janvier 2022 respectivement, le pays est mis sous pression par la Cédéao, qui appelle les juntes au pouvoir à Conakry, Ouagadougou et Bamako à rendre rapidement le pouvoir aux civils.
Les trois pays ont ainsi été suspendus de ses instances. Le Mali fait en outre l’objet de lourdes sanctions économiques décidées par la Cédéao, un « embargo » qui viole les « propres textes » de l’organisation, selon M. Maïga, qui a dénoncé « le fait du prince ».
En mars, la Cédéao demandait l’organisation d’élections dans un délai de 12 à 16 mois au Mali. Mais une visite à Bamako de son médiateur pour la crise malienne, l’ancien président nigérian Goodluck Jonathan, n’était pas parvenue à ramener le délai de la transition voulu par les militaires sous la barre des deux ans.
Malgré les tensions, M. Choïga a assuré que le contact n’était pas rompu. « Il y a des missions qui sont prévues de venir dans les jours prochains pour aboutir, nous l’espérons, à un accord », a-t-il dit, sans plus de précisions.
AFP