Les autorités maliennes dominées par les militaires ont annoncé lundi une enquête sur le président autoproclamé d’une transition civile au Mali, qu’elles accusent d’actes « injurieux et subversifs » à partir de la Côte d’Ivoire.
Ainea Ibrahim Camara, président de la coalition du Mouvement faso dambe (MFD, « l’honneur de la patrie », en langue bambara), composée de huit partis maliens opposés à la junte, a annoncé le 22 février à Abidjan vouloir former un gouvernement civil de transition le 27 février, en vue d’élections dans « un délai de six mois ».
La junte au Mali avait prévu des élections à partir du 27 février, devant permettre un retour des civils au pouvoir après deux coup d’Etat en août 2020 puis en mai 2021, avant de revenir sur cet engagement sans fixer de nouveau délai.
Dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux Ainea Ibrahim Camara « s’est livré à des attaques avec des propos injurieux et subversifs contre les autorités de la transition dans un élan d’appel à un soulèvement contre celles-ci », affirme le ministre malien de la Justice Mamoudou Kassogue, dans un communiqué publié lundi.
D’autres vidéos « traduisent clairement la volonté de l’intéressé de poursuivre son entreprise malveillante de déstabilisation des institutions de la transition », selon ce communiqué. « Au regard de la gravité de ces faits », le ministre demande que soient prises « toutes les dispositions nécessaires pour l’ouverture immédiate d’une enquête par le parquet compétent ».
Lundi, Abidjan a assuré dans un communiqué que « le gouvernement ivoirien, respectueux de la souveraineté des Etats, ne saurait tolérer la déstabilisation d’un pays frère à partir de son territoire ». La Côte d’Ivoire qui « condamne ces agissements » a précisé qu’elle « se réserve le droit de prendre des mesures à l’encontre de toute personne dont les agissements mettraient à mal ses relations avec pays tiers ».
Cette affaire fait depuis plusieurs jours grand débat au Mali, notamment sur les réseaux sociaux. Le Comité pour la défense des militaires (CDM), une plate-forme réunissant plusieurs mouvements favorables à la junte, « exige des autorités ivoiriennes le renvoi pur et simple de ce rebelle » et réclame, dans un communiqué lundi, « la dissolution de son parti » le Mouvement républicain (MR).
L’organe législatif au Mali, contrôlé par les militaires depuis le coup d’Etat de 2020, a entériné le 21 février une période de transition pouvant aller jusqu’à cinq ans avant des élections. Un délai « totalement inacceptable » pour les Etats ouest-africains qui ont infligé le 9 janvier de lourdes sanctions économiques et diplomatiques au Mali, avec un embargo commercial et financier et la fermeture des frontières de ses pays membres avec ce pays.
AFP