Une trentaine de députés maliens dont l’élection est contestée, ont rejeté mercredi l’un des points clés du plan des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) pour dénouer la crise socio-politique qui ébranle le Mali depuis juin, en annonçant qu’ils refusaient de démissionner.
« Nous nous sommes concertés et nous n’allons pas démissionner. Notre constitution est violée par la déclaration de la Cédéao », a déclaré lors d’une conférence de presse un député du principal parti d’opposition, l’Union pour la république et la démocratie (URD), Gougnon Coulibaly.
L’un des déclencheurs de la crise actuelle a été l’invalidation fin avril par la Cour constitutionnelle d’une trentaine de résultats des élections législatives de mars-avril, dont une dizaine en faveur de la majorité du président Ibrahim Boubacar Keïta.
Cette décision, s’ajoutant au climat d’exaspération nourri depuis des années par l’instabilité sécuritaire dans le centre et le nord du pays, le marasme économique ou une corruption jugée endémique, en entraîné une série de manifestations à l’appel du Mouvement du 5-juin, une coalition hétéroclite de chefs religieux, d’opposants et de membres de la société civile qui réclame la démission du chef de l’Etat.
Le 10 juillet, la troisième grande manifestation contre le pouvoir a dégénéré en trois jours de troubles meurtriers à Bamako, les pires dans la capitale depuis 2012. Pour éviter que le pays sahélien, épicentre de la menace jihadiste au Sahel, sombre dans le chaos, les dirigeants ouest-africains ont adopté lundi lors d’un sommet un plan de sortie de crise.
Tout en excluant la démission du président Keïta, les dirigeants de la Cédéao ont notamment réclamé la « démission immédiate » de la trentaine de députés dont l’élection est contestée, y compris le président du Parlement, Moussa Timbiné.
Ils ont demandé à la majorité présidentielle de faire le maximum pour que ses élus suivent ce mot d’ordre. »La Cédéao demande à la majorité de faire démissionner les députés alors que le parti majoritaire (RPM) n’a que 10 députés sur les 30 concernés », a souligné lors de la conférence de presse l’avocat du groupe de députés, Cheick Oumar Konaré.
« Les députés une fois élus n’appartiennent plus à leur formation politique. Donc la majorité ne peut pas les faire démissionner », a-t-il ajouté.
Parmi les 30 députés concernés, seul Moussa Timbiné était absent de la conférence de presse, a constaté un correspondant de l’AFP.