L’Union africaine, longtemps marginalisée dans le dossier de la crise libyenne, doit jouer un rôle plus important et œuvrer aux côtés de l’ONU dans le processus de médiation, a soutenu lundi le commissaire de l’UA à la paix et à la sécurité.
“L’ONU a besoin de nous maintenant”, a assuré Smaïl Chergui lors d’une conférence de presse au siège de l’UA à Addis Abeba, où l’organisation est réunie en sommet, ajoutant que l’UA et l’ONU “devraient travailler main dans la main”.
“C’est un problème africain, et nous avons une sensibilité que peut-être d’autres n’ont pas”, a-t-il ajouté, se faisant l‘écho de nombreux responsables de l’UA qui ont plaidé ces dernières semaines pour un poids plus important de l’UA dans ce dossier.
Il a à cet égard rappelé le “lien” entre l’instabilité en Libye et la montée en puissance des groupes jihadistes au Mali, au Niger et au Burkina ces dernières années.
M. Chergui a indiqué qu’une fois qu’un cessez-le-feu durable aurait été établi, l’UA rejoindrait l’ONU dans une mission d’observation de ce cessez-le-feu. Il a également dit s’attendre à ce que l’UA déménage sa mission pour la Libye à Tripoli.
Samedi, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, avait apporté son soutien à l’initiative d’un forum de réconciliation prise fin janvier lors d’un sommet organisé par le comité de l’UA sur la Libye au Congo-Brazzaville.
Il avait également dit comprendre la “frustration” de l’UA, jusqu‘à présent “mise à l‘écart” dans le dossier libyen.
De nombreux doutes existent toutefois sur la capacité de l’UA à occuper un rôle de premier plan dans la médiation libyenne.
L’implication de l’ONU inférieure à la capacité de l’UA ?
“La capacité d’action de l’UA ne peut en aucun cas être comparée à l’implication de l’ONU, ne serait-ce qu’en terme de connaissance et de présence sur le terrain”, observe Claudia Gazzini, experte de l’International Crisis Group (ICG).
Face à la multiplication des conflits sur le continent, l’UA s’est fixé comme objectif d‘être plus efficace et plus active dans leur médiation, comme en témoigne le thème du sommet de cette année : “Faire taire les armes”.
La Libye, qui dispose des réserves de pétrole les plus abondantes d’Afrique, est plongée dans le chaos depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011 après une révolte populaire et une intervention militaire menée par la France, la Grande-Bretagne et les États-Unis.
Depuis avril 2019, des combats opposent aux portes de Tripoli (ouest) les troupes du Gouvernement d’union nationale (GNA), soutenu par l’ONU, et les forces du maréchal Haftar, qui ont lancé une offensive pour conquérir la capitale, siège du GNA.
Le maréchal Haftar est soutenu principalement par les Emirats arabes unis, l’Egypte et la Russie. Le chef du GNA Fayez al-Sarraj surtout par la Turquie.
Une trêve très précaire est entrée en vigueur le 12 janvier et des efforts sont en cours pour la convertir en cessez-le-feu durable. Samedi, les belligérants, réunis à Genève sous l‘égide des Nations unies, se sont séparés sans parvenir à un accord.
AFP