L’opposant sénégalais Ousmane Sonko a été inculpé samedi pour appel à l’insurrection et autres crimes et délits, qui « n’ont rien à voir » avec l’affaire de moeurs pour laquelle il a été condamné en juin et qui a engendré de graves troubles.
L’opposant, dont les péripéties judiciaires scandent la vie politique au Sénégal ces derniers mois, a été arrêté vendredi à Dakar. Samedi, le procureur a lu la liste des charges retenues contre M. Sonko, notamment sur la base de déclarations qu’il a faites et rassemblements auxquels il a participé depuis 2021.
Elle comprend l’appel à l’insurrection, atteinte à la sûreté de l’Etat, association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste, complot contre l’autorité de l’Etat, actes visant à compromettre la sécurité publique et à créer des troubles politiques graves et vol.
« Cette arrestation n’a rien à voir avec la première procédure dans laquelle (Sonko) a été jugé par contumace », a déclaré le procureur Abdoul Karim Diop. M. Sonko a été arrêté vendredi pour avoir « volé avec violence le téléphone portable d’une femme gendarme » et pour avoir « aussitôt appelé le peuple, par un message subversif divulgué sur les réseaux sociaux, à se tenir prêt », selon le procureur.
La version que M. Sonko a publiée sur les réseaux sociaux avant son arrestation est toute autre: il a accusé des forces de sécurité présentes devant son domicile de l’avoir filmé, et a raconté avoir alors « arraché le téléphone et demandé à la personne (…) d’effacer les images qu’elle a prises », ce que cette dernière a refusé de faire.
« Je demande au peuple de se tenir prêt pour faire face à ces abus sans fin », a-t-il conclu dans son message. Ousmane Sonko avait été condamné le 1er juin à deux ans de prison ferme dans une affaire de moeurs, un verdict qui le rend inéligible en l’état, soulignent ses avocats et des juristes.
Sa condamnation a engendré début juin les troubles les plus graves depuis des années au Sénégal, qui ont fait 16 morts selon les autorités, une trentaine selon l’opposition. L’opposant, investi candidat à la prochaine présidentielle par son parti, a par ailleurs été condamné le 8 mai à six mois de prison avec sursis à l’issue d’un procès en appel pour diffamation, une peine largement perçue comme le rendant inéligible pour l’élection.
Mais il n’a pas encore épuisé ses recours devant la Cour suprême. Ousmane Sonko dépeint le président Macky Sall comme un dictateur en puissance, tandis que les partisans du chef de l’Etat le qualifient d’agitateur qui sème l’instabilité. Macky Sall a annoncé début juillet qu’il ne briguerait pas un troisième mandat, après des mois d’ambiguïté à ce sujet.
AFP