Le directeur de la Haute commission électorale de Libye (HNEC) s’est expliqué lundi devant les députés sur les raisons derrière le report de l’élection présidentielle, initialement prévue le 24 décembre, évoquant de multiples obstacles juridiques, sécuritaires et politiques.
La Libye est plongée dans une interminable transition politique depuis la révolte de 2011 qui a mis fin à 42 ans de dictature sous Mouammar Kadhafi. Présentée comme l’aboutissement d’un processus de paix parrainé par l’ONU, la présidentielle du 24 décembre avait été reportée in extremis, sur fond de désaccords entre camps rivaux concernant le scrutin que devaient disputer une centaine de candidats, pour certains particulièrement clivants.
De plus des incidents sécuritaires et des interférences politiques ont poussé, moins de 48 heures avant le jour J, au report du scrutin, a affirmé Imad al-Sayeh, convoqué lundi par le Parlement siégeant à Tobrouk, dans l’Est du pays. Le processus électoral a aussi été fragilisé par de multiples recours déposés devant les tribunaux pour invalider certaines candidatures controversées, notamment celle de Seif al-Islam Kadhafi, fils du défunt dictateur.
« Vingt-quatre heures après l’ouverture du dépôt des recours contre des décisions d’exclusion de candidats, 26 recours avaient été déposés », a rappelé M. Sayeh. Parmi les postulants controversés, figuraient aussi le Premier ministre sortant Adhelhamid Dbeibah, qui avait promis de ne pas se présenter, et l’homme fort de l’Est libyen, le maréchal Khalifa Haftar, auteur d’une offensive avortée en 2019 pour conquérir Tripoli.
Les difficultés juridiques « nécessitaient un délai plus long » car « la justice n’a examiné les recours et les appels que sur la forme, pas sur le fond », a souligné le directeur de la HNEC. Il a par ailleurs dénoncé des cas de fraude électorale, tantôt « flagrante », tantôt « cachée et impliquant plus de temps pour être détectée ». « Si nous avions eu plus de temps, nous aurions pu réduire le nombre des candidats à une vingtaine et il aurait été plus aisé de détecter les cas de fraude », a-t-il insisté.
Sur la sécurisation des bureaux de vote, M. Sayeh a reconnu qu’en dépit d’un « plan ambitieux », les autorités « se sont heurtées à la réalité du terrain ». L’Autorité électorale avait proposé comme nouvelle date le 24 janvier, une proposition rejetée par le Parlement, qui se penche désormais sur une « nouvelle feuille de route ». Devant les députés lundi, M. Sayeh a admis l’impossibilité d’une élection le 24 janvier « tant que les obstacles perdureront ».
AFP