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Liberia : une prix Nobel dénonce l’impunité 20 ans après la fin de la guerre civile

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La lauréate du prix Nobel de la paix Leymah Gbowee a estimé vendredi que le Liberia ne pouvait pas avancer s’il ne poursuivait pas les anciens criminels de guerre, lors d’un événement marquant les 20 ans de l’accord de paix qui a mis fin à la guerre civile.

La guerre civile au Liberia, qui a fait 250.000 morts entre 1989 et 2003, a été l’un des conflits les plus atroces du continent africain, avec massacres, mutilations, viols, actes de cannibalisme et recrutement forcé d’enfants soldats.

Aucun procès ne s’est à ce jour tenu au Liberia sur les exactions commises dans ce pays, mais plusieurs ont eu lieu à l’étranger, en Suisse, en France et aux Etats-Unis notamment. Les recommandations de la Commission vérité et réconciliation (TRC) en 2009 sont largement restées lettre morte, notamment au nom du maintien de la paix, certains des chefs de guerre incriminés étant considérés comme des « héros » par leurs communautés.

« Aujourd’hui, les Libériens continuent de dire que nous avons la paix sans comprendre qu’il est urgent pour nous de nous attaquer à la question de la justice », a déclaré la Libérienne Leymah Gbowee, prix Nobel de la paix en 2011, s’exprimant au cours d’une cérémonie dans la capitale Monrovia pour commémorer les vingt ans de l’Accord de paix d’Accra signé en août 2003.

De nombreuses personnalités impliquées dans le conflit occupent toujours des postes économiques et politiques importants, comme les sénateurs Prince Johnson et George Borley, cités parmi une longue liste de responsables dans le rapport de la TRC.

« Nous continuerons à avoir une politique toxique parce que nous n’avons pas donné la priorité à la paix », a-t-elle estimé. « Il n’y a eu aucune réparation et aucune responsabilité pour ce qui nous est arrivé pendant les guerres civiles », a déclaré Peterson Sonyah, un survivant du massacre en 1990 de l’église luthérienne Saint-Peter au cours duquel environ 600 personnes ont été tuées.

« Nous avons perdu nos amis, nos pères et nos mères, mais jusqu’à aujourd’hui, il n’y a pas eu de jugement », a-t-il regretté. Dans un discours prononcé lors d’un autre événement, le président George Weah n’a pris aucun engagement nouveau.

« La guerre est arrivée, nous étions tous innocents, ça s’est passé. Voulons-nous y retourner ? Non », a-t-il dit, estimant que « beaucoup de personnes dans le pays s’étaient attribué le mérite de la paix » alors qu’elles ne le méritaient pas.

Pour Hassan Bility, de l’ONG Global Justice and Research Project, l’absence de justice est « une tactique » pour gagner du temps. « Vous ne pouvez pas attendre que tous les auteurs ou victimes soient morts avant de vouloir créer un tribunal », a-t-il déclaré.

Des élections présidentielle et législatives doivent se tenir le 10 mai dans le pays. Vingt candidats à la présidentielle sont en compétition, dont le sortant George Weah, ancienne gloire du football, qui briguera un second mandat.

AFP

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