L’ambassadeur de l’Éthiopie auprès de l’ONU à Genève a rejeté mardi un rapport d’enquêteurs de l’ONU qui accusent Addis Abeba de possibles crimes contre l’humanité au Tigré et d’utiliser la famine comme arme de guerre.
« Il n’y a pas une seule preuve qui montre que le gouvernement éthiopien a utilisé l’aide humanitaire comme un instrument de guerre », a déclaré à l’AFP l’ambassadeur Zenebe Kebede, représentant permanent de l’Éthiopie auprès des Nations unies à Genève.
Une Commission de trois experts, qui a rédigé un rapport destiné au Conseil des droits de l’homme de l’ONU, a estimé que des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité avaient probablement été commis durant le conflit qui déchire l’Ethiopie depuis fin 2020 dans la région du Tigré, dans le nord du pays.
Leur rapport indique qu’il existe « des motifs raisonnables de croire que le gouvernement fédéral et les gouvernements des États régionaux alliés (principalement l’Erythrée, NDLR) ont commis et continuent de commettre des crimes contre l’humanité pour des motifs ethniques et d’autres actes inhumains ».
Les experts ont souligné la situation catastrophique au Tigré, où le gouvernement fédéral et ses alliés ont refusé à environ six millions de personnes l’accès aux services de base, pendant plus d’un an, et où de sévères restrictions à l’accès humanitaire ont laissé 90% de la population avec un besoin urgent d’assistance.
La commission des trois experts indépendants a été établie pour un an le 17 décembre 2021, pour mener une enquête approfondie et indépendante sur les accusations de violations répétées des droits humains, malgré l’opposition d’Addis Abeba. L’ambassadeur Zenebe a estimé que la commission avait des « motivations politiques » et que ses conclusions étaient « contradictoires et partiales ».
« Nous n’avons donc pas d’autre choix que de rejeter ce rapport, comme nous avons rejeté la résolution qui l’a établi, ainsi que la création même de ce mécanisme », a-t-il déclaré.
AFP