Le président sierra-léonais Julius Maada Bio a accusé vendredi les Etats-Unis d’avoir fait pression sur lui pour qu’il interfère dans le comptage des voix lors des élections de juin dernier ayant mené à sa réélection, une déclaration contrastant avec l’évaluation des observateurs internationaux.
« C’est au moment venu d’annoncer les résultats de l’élection que les problèmes ont commencé », a déclaré vendredi M. Bio lors d’un événement à l’Université américaine de Washington où il prenait la parole.
La commission électorale nationale « avait colligé les données, fait ses calculs (…) et là les Etats-Unis m’ont demandé d’empêcher (la commission, nldr) d’annoncer les résultats. Alors je ne sais pas qui accuse qui d’interférence », a-t-il ajouté.
« J’ai refusé de le faire, et j’ai dit que je n’ai jamais appelé cette institution (la commission) et que je n’allais pas le faire maintenant », a-t-il ajouté, disant respecter « l’indépendance » de cet « organisme semi-autonome ».
Julius Maada Bio, 59 ans, a été réélu en juin dernier dans un scrutin critiqué par l’opposition et les observateurs étrangers. Des observateurs internationaux ont noté « des incohérences statistiques » entre les résultats partiels et les résultats définitifs et dénoncé « le manque de transparence » dans le processus de dépouillement, tout en appelant au dialogue pacifique pour régler les différends.
Le président Bio, qui a remporté le scrutin avec 56,17% des voix, soit un score juste au-dessus de seuil des 55% nécessaires pour éviter la tenue d’un second tour dans ce pays, avait par la suite admis des « limites logistiques » lors de ces élections.
Et il avait annoncé la création d’un comité comprenant des membres du gouvernement, de la société civile et des agences de développement pour examiner la gestion du processus électoral et formuler des recommandations.
De son côté, le Département d’Etat américain a annoncé fin août des restrictions de visa contre ceux qui pourraient être « responsables ou complices de saper la démocratie en Sierra Leone », sans toutefois nommer les personnalités visées par cette décision.
« Les mêmes responsables américains nous ont dit que dans ce contexte, ils ne voulaient que la tenue d’un second tour. Mais dans tous les cas j’allais gagner comme tous les sondages l’avaient clairement démontré », a poursuivi M. Bio lors de son allocution à l’Université américaine de Washington, où il a jadis étudié.
AFP