Un couvre-feu interdisant toute activité publique va entrer en vigueur samedi soir à Mogadiscio, la capitale somalienne, jusqu’à la fin de l’élection présidentielle prévue dimanche dans le pays, a annoncé la police en invoquant des raisons sécuritaires.
Pas moins de 39 candidatures, un record, ont été enregistrées pour l’élection, qui se tiendra sous haute sécurité dans un hangar de l’aéroport de la capitale Mogadiscio. Le scrutin a déjà pris plus d’un an de retard dans ce pays instable de la Corne de l’Afrique, confronté à l’insurrection des islamistes radicaux shebab et à une sécheresse historique.
« Des restrictions seront imposées à la circulation des véhicules, des personnes et des deux-roues à partir du 14 mai 2022, vers 21 heures », a déclaré Abdifatah Adan Hassan, porte-parole de la police, lors d’une conférence de presse à Mogadiscio. « Les restrictions seront levées dans la matinée du 16 mai 2022, après l’élection », a-t-il ajouté.
Le chef de l’Etat sortant, Mohamed Abdullahi Mohamed, dit Farmajo, est candidat à sa réélection, ce qu’aucun de ses prédécesseurs n’a réussi à réaliser. Cette élection doit signer la fin de plus d’un an de crise politique. Le mandat de Farmajo était arrivé à échéance en février 2021, sans accord avec les dirigeants régionaux sur l’organisation de nouvelles élections.
L’élection suit un complexe système indirect, dans lequel les assemblées des Etats ainsi que des délégués investis par une myriade de clans et de sous-clans choisissent les législateurs qui, à leur tour, désignent le président.
Depuis un an et demi, la communauté internationale a multiplié les appels à boucler les élections, estimant que les retards détournaient les autorités de la lutte contre les islamistes radicaux shebab, affiliés à al-Qaïda, qui mènent une insurrection dans le pays depuis 15 ans.
Ces derniers mois, les shebab ont intensifié leurs attaques, menant notamment un sanglant double attentat dans le centre du pays le 24 mars (48 morts), puis une attaque d’envergure contre une base de la force de l’Union Africaine (dix morts selon un bilan officiel).
Cette élection sera également capitale pour l’avenir économique de la Somalie, dont 71% de la population vit avec moins de 1,90 dollar par jour (1,80 euro). Le pays fait également face à l’une des pires sécheresses des dernières décennies. Les organisations humanitaires redoutent une famine similaire à celle de 2011, qui avait tué 260.000 personnes.
AFP