La livre égyptienne a plongé lundi à son deuxième plus bas historique, s’échangeant à plus de 19 livres pour un dollar, un chiffre qui n’avait été atteint qu’une seule fois, lors de la brutale dévaluation de l’hiver 2016.
La Banque centrale achetait lundi un dollar à 19,01 livres, alors que celui-ci s’échangeait encore à 15,6 livres en mars, soit une chute de près de 22%. L’Egypte a dévalué sa monnaie le 21 mars, face à une inflation galopante. Le plus peuplé des pays arabes, premier importateur mondial de blé –principalement venu de Russie et d’Ukraine, souffre des conséquences du conflit déclenché en février.
L’inflation atteint aujourd’hui 15% en Egypte, portée par une hausse des prix des denrées alimentaires atteignant jusqu’à 66%. Fin juin, la Banque mondiale a alloué une aide de 500 millions de dollars à l’Egypte pour y renforcer la sécurité alimentaire. Sur les 103 millions d’Egyptiens, 30 millions sont considérés comme pauvres et autant d’autres sont dans la précarité, selon la Banque mondiale.
Quelque 71,5 millions d’Egyptiens dépendent du programme étatique de subventions alimentaires qui inclut le pain, mais aussi le riz, le sucre ou encore les pâtes. L’agence Moody’s estime désormais que l’Egypte risque de connaître des troubles sociaux graves en raison de la crise économique. Elle a changé son évaluation de « stable » à « négatif ».
Elle s’inquiète notamment de la fonte des réserves en devises, passées de 41 milliards de dollars en février à 33,4 milliards fin juin, selon la Banque centrale. Et ce malgré le dépôt fin mars par l’Arabie saoudite, grand allié du régime d’Abdel Fattah al-Sissi, de cinq milliards de dollars à la Banque centrale égyptienne.
Le Caire est en discussions avec le Fonds monétaire international (FMI) pour un nouveau prêt, alors que le budget du pays d’environ 160 milliards de dollars est grévé par une dette publique qui atteint 90% du PIB.
AFP