La Côte d’Ivoire attendait lundi la publication des résultats des élections législatives de samedi que le parti au pouvoir et l’opposition ont d’ores et déja affirmé avoir gagnées.
La Commission électorale indépendante (CEI), chargée de la proclamation provisoire des résultats, les égrène depuis le début des dépouillements samedi soir, circonscription par circonscription.
Elle devrait annoncer lundi les résultats dans 204 des 205 circonscriptions, ainsi que la répartition de 254 des 255 sièges à l’Assemblée nationale, le scrutin dans une circonscription n’ayant pu avoir lieu en raison du décès d’une candidate suppléante.
Les premières tendances donnent la majorité au parti du président Alassane Ouattara, le Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP).
Le RHDP l’emporte dans la capitale Yamoussoukro et à Grand Bassam (sud), deux fiefs de la principale formation d’opposition, le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), selon les chiffres de la CEI.
Le secrétaire général de la présidence, Patrick Achi, a été réélu à Adzopé (sud), ainsi que le Premier ministre Hamed Bakayoko – hospitalisé en France depuis le 18 février – qui l’emporte largement dans son fief de Séguéla (nord).
En revanche, dans la commune du Plateau, le quartier administratif d’Abidjan, le candidat RHDP a reconnu sa défaite face au député sortant PDCI.
Sans même attendre la publication des résultats complets par la CEI, le RHDP et le PDCI, ont revendiqué leur victoire dimanche.
« Notre objectif était de remporter autour de 60% des sièges, nous y sommes », a déclaré à la presse Adama Bictogo, numéro deux du RHDP. »A cette étape du dépouillement, les premières tendances (…) montrent clairement que notre parti sortira vainqueur avec une majorité confortable ».
Niamkey Koffi, coordinateur général pour les législatives du PDCI, a lui aussi revendiqué la victoire. »Nous pensons être autour de 128 sièges avec nos alliés », a-t-il affirmé, soit juste la majorité des 255 députés de l’Assemblée nationale.
« Notre inquiétude, c’est la manipulation des résultats », a dit M. Koffi, en mettant en garde « le gouvernement contre toute tentative qui fausserait la sincérité du scrutin ».
– « Logique des perdants » –
Il a dénoncé « des résultats provisoires émaillés de tricheries, de tripatouillages, de manipulations » dans plusieurs grandes villes.
M. Bictogo a récusé les accusations de fraudes. »Ils sont dans leur logique, la logique des perdants », a-t-il affirmé.
Le PDCI de l’ex-président Henri Konan Bédié a formé une alliance avec Ensemble pour la démocratie et la souveraineté (EDS), coalition regroupant les partisans de l’ex-président Laurent Gbagbo, dominée par son parti, le Front populaire ivoirien (FPI).
Pour la première fois depuis dix ans, c’était donc l’ensemble des principaux acteurs politiques qui participaient aux élections, laissant espérer qu’elles permettent d’apaiser la vie politique d’un pays à l’histoire récente marquée par de fortes tensions et des violences électorales.
Les législatives de samedi se sont dans l’ensemble déroulées dans le calme, contrairement à la présidentielle d’octobre 2020, boycottée par l’opposition et ayant abouti à la réélection de M. Ouattara à un troisième mandat controversé.
Les violences avant et après le scrutin avaient fait 87 morts et quelque 500 blessés.
Ces législatives ont marqué le grand retour du FPI de Laurent Gbagbo.Son parti boycottait tous les scrutins depuis l’arrestation de M. Gbagbo en avril 2011 à Abidjan et son transfèrement à la Cour pénale internationale (CPI) à La Haye, après des violences post-électorales ayant fait quelque 3.000 morts.
L’enjeu des législatives pour les partis d’opposition est d’obtenir suffisamment d’élus à l’Assemblée nationale pour empêcher « la consolidation d’un pouvoir absolu » du président Ouattara et de son parti.
Pour poursuivre la politique de « réformes » du chef de l’Etat, le RHDP entend lui conserver sa majorité qualifiée de 167 sièges sur 255, obtenue en décembre 2016 alors qu’il était allié au PDCI.
AFP