La République démocratique du Congo vit jeudi dans l’attente du rapatriement du corps d’Etienne Tshisekedi, figure de l’histoire du Congo mort en Belgique en février 2017, après le report de son départ de Bruxelles vers Kinshasa annoncé à la dernière minute mercredi soir.
« L’avion part à 11H00 (09H00 GMT) et arrivera donc à 18H00 (17H00 GMT) à l’aéroport de N’Djili », assure jeudi matin une source familiale membre du Comité d’organisation des obsèques du père de l’actuel président, Félix Tshisekedi.
Le vol affrété auprès d’une compagnie doit partir du terminal des vols privés d’Abelag, selon cette même source consultée par l’AFP, qui parle d’un avion aménagé avec 19 personnes à bord autour du défunt.
Aucune confirmation d’un départ imminent de Bruxelles n’était cependant disponible à 08H35 GMT. Il faut huit heures de vol sans escale pour aller de Bruxelles à Kinshasa.
« Tout est mis en oeuvre pour ramener à bon port la dépouille de S.E.M le Premier ministre ce jeudi 30 mai à 16H00 à l’aéroport international de N’Djili », avait indiqué dans la nuit un communiqué du Comité d’organisation des obsèques.
En attendant, les Kinois profitent d’une journée déclarée par les autorités « chômée et payée » la veille mercredi, quand il était encore question d’une arrivée du corps jeudi à 08H00 (07H00 GMT) dans la capitale en présence des autorités, pour le coup d’envoi de trois jours de funérailles.
– Imbroglio –
Tout est tombé à l’eau mercredi soir sur la base aérienne de Melsbroek peu avant l’heure du départ prévue et avant un hommage en présence du ministre belge des Affaires étrangères, Didier Reynders, lui aussi annulé.
Le vol de mercredi soir « a dû être reporté à la dernière minute pour des raisons logistiques », indique le court communiqué des autorités congolaises, rédigé à l’issue d’une ou plusieurs réunions de crise, sans doute autour du président Tshisekedi.
« L’avion n’est pas arrivé », précise à l’AFP une source qui préfère rester anonyme. Le vol était à la charge de la partie congolaise. Problèmes de paiement? Couac dans les virements auprès de la société d’aviation privée prestataire de l’appareil?
« Franchement, je ne comprends rien, rien du tout », a résumé à l’AFPTV Ghislain Mbkoso, un Congolais présent près de la base aérienne de Melsbroek.
Initialement, plusieurs dizaines de passagers devaient accompagner le corps vers Kinshasa, des membres de la famille et des « combattants » du parti des Tshisekedi, l’UDPS.
Ce premier avion affrété était un A330 d’une capacité de quelque 270 passagers outre le corps de Tshisekedi père, d’après l’agence Belga.
« Cette situation est totalement indépendante de la volonté des autorités belges et des organisateurs des obsèques », est-il précisé dans le communiqué du Comité d’organisation des obsèques, diffusé par la présidence congolaise.
« Tout était prêt », soupire une source européenne. « Nous trouvons cela vraiment triste pour les autorités congolaises et l’on est vraiment de tout coeur avec le président Tshisekedi », glisse une source belge.
A Kinshasa, le comité d’organisation des obsèques s’en tient toujours au programme initial des funérailles pour les deux jours qui viennent: exposition du corps, messe et recueillement populaire vendredi au stade des Martyrs (80.000 places), et inhumation samedi à la Nsele, haut lieu du mobutisme, à la sortie de Kinshasa, entre le fleuve Congo et les plateaux Bateke.
L’ex-opposant et ex-Premier ministre Etienne Tshisekedi est décédé à l’âge de 84 ans le 1er février 2017 à Bruxelles où il venait se faire soigner.
Sa dépouille repose depuis dans un funérarium de la capitale belge, faute d’accord entre sa famille et l’ancien régime du président Joseph Kabila sur le rapatriement, l’organisation des obsèques et le lieu de l’inhumation.
La situation semblait s’être éclaircie avec l’investiture le 24 janvier de son fils Félix, proclamé vainqueur de l’élection présidentielle du 30 décembre.
Né en 1932, Etienne Tshisekedi a été ministre de l’Intérieur de Mobutu avant de passer à l’opposition. Après avoir fondé l’UDPS en 1982, il a été brièvement Premier ministre dans les années 90, avant de repasser dans l’opposition au régime des Kabila père et fils à partir de 1997.
AFP