Un tribunal correctionnel de Conakry a relaxé vendredi trois leaders d’un collectif en Guinée poursuivis pour « outrage à magistrat », après des déclarations visant le parquet et le Parlement de transition, dont l’arrestation a provoqué de violentes manifestations de protestation dans la capitale.
Les trois prévenus, jugés vendredi par le tribunal de Dixinn (banlieue de Conakry), sont membres du Front national pour la défense de la Constitution (FNDC), une coalition qui avait orchestré des mois de mobilisation de 2019 à 2021 contre l’ancien président Alpha Condé (2010-2021), renversé en septembre 2021 par une junte dirigée par le colonel Mamady Doumbouya.
Le coordonnateur national du FNDC, Oumar Sylla dit Foniké Mengué, Mamadou Billo Bah et le rappeur Alpha Midiaou Bah dit Djanii Alfa, avaient été arrêtés mardi, puis « inculpés d’outrage à magistrat et injures publiques » et écroués jeudi.
Le tribunal déclare les trois prévenus « non coupables des fins d’injures publiques et d’outrage à magistrat, les renvoie des fins de la poursuite pour des faits non établis et ordonne leur relaxe pure et simple », a dit le juge Ousmane Simakan, président du tribunal de Dixinn. Le parquet avait auparavant requis également une relaxe.
MM. Oumar Sylla et Mamadou Billo Bah sont poursuivis pour avoir, sur les réseaux sociaux, « produit et diffusé par le biais d’un système informatique des propos injurieux contre le Conseil national de transition (CNT) », le Parlement de transition mis en place par la junte, avait expliqué mardi le procureur de la cour d’appel de Conakry, Alphonse Richard Wright, sur une radio locale.
Le rappeur Djanii Alfa avait, lui, récemment critiqué des propos du président du CNT, avant d’être menacé d’arrestation par le procureur, selon sa défense. M. Sylla avait critiqué ces menaces présumées du procureur sur sa page Facebook. Leur arrestation musclée a provoqué entre mardi et jeudi des manifestations à Conakry lors desquelles 17 policiers ont été blessés, selon la police.
Les trois hommes ont été violemment interpellés mardi par la police au siège de leur coalition, a constaté un journaliste de l’AFP. MM. Sylla et Bah ont été battus et leurs vêtements déchirés par des policiers. Une grande partie de la classe politique a condamné leur arrestation et s’est indignée de la méthode.
Le chef de la junte, le colonel Doumbouya, s’est engagé à remettre le pouvoir à des civils élus dans un délai de trois ans. La Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) a rejeté le 3 juillet ce délai, lors d’une réunion à Accra, sans annoncer de nouvelles sanctions contre la Guinée, déjà suspendue des organes de l’organisation.
AFP