Le Parlement bissau-guinéen a voté mercredi une résolution qui considère comme « nul et sans effets » un accord entre le président Umaro Sissoco Embalo et son homologue sénégalais Macky Sall sur l’exploration pétrolière dans la zone maritime commune entre les deux pays.
L’accord signé en octobre à Dakar établit une clé de partage qui attribue 30% des ressources à la Guinée-Bissau et 70 % au Sénégal. Sur les 72 députés présents dans l’hémicycle, 70 ont rejeté l’accord, et deux dont le président de l’Assemblé nationale se sont abstenus, a constaté un correspondant de l’AFP.
« Nous déplorons le fait qu’aucun membre des organes de souveraineté ne soit au courant de cet accord tenu secret. Les députés l’ont appris avec étonnement », a déclaré Armando Mango député de APU-PDGB (Agence populaire unie – Parti démocratique de Guinée-Bissau).
« Nous avons agi pour protéger les intérêts supérieurs du pays », a indiqué Bamba Banjai du Mouvement pour l’alternance démocratique (MADEM), la famille politique du président Embalo. Pour sa part, le président de l’Assemblée nationale Cipriano Cassama a dit avoir lui-même demandé au Premier ministre de lui fournir une copie de l’accord qu’il a partagée avec les députés. Mais le secrétaire exécutif de l’Agence de gestion et de coopération (AGC), Inussa Baldé, a balayé d’un revers de main l’existence d’un tel accord d’exploration pétrolière.
« Même s’il y a du pétrole, ni le Sénégal ni la Guinée-Bissau ne sauront l’explorer car cela coûte très cher de s’aventurer dans un projet où on n’est pas sûr de trouver suffisamment de pétrole », a déclaré M. Baldé, lors d’un point de presse. Il a précisé que « les présidents Embalo et Sall n’ont signé qu’un accord concernant l’AGC et non l’exploration du pétrole dans la zone commune ».
L’AGC, qui a son siège à Dakar au Sénégal, est une structure chargé de faciliter la coopération entre les deux pays. Créée en 1993, elle rend compte directement aux présidents des deux pays de tous les développements de l’industrie pétrolière et gazière.
L’AGC réalise des études géologiques et géophysiques, de travaux de forage et d’activités liées à l’exploration et aux ressources pétrolières. Plusieurs députés ont exigé la dissolution de l’AGC et la fin de la zone commune « pour que chaque pays exploite tout seul ses ressources ».
AFP