La justice finlandaise a autorisé mercredi la libération de l’ancien chef rebelle Gibril Massaquoi, jugé pour des crimes de guerre et des atrocités commis durant la guerre civile au Liberia, dans l’attente du verdict où il encourt la perpétuité.
Le tribunal de Pirkanmaa, dans le sud-ouest de la Finlande, a jugé en faveur de la libération immédiate du citoyen sierra-léonais de 51 ans, selon sa décision transmise à l’AFP. Au terme d’un très rare procès relatif à la sanglante guerre civile au Liberia, marqué par une délocalisation inédite dans le pays d’Afrique de l’Ouest, le procureur finlandais avait réclamé une peine de prison à perpétuité.
Le verdict est attendu en mars ou avril. Si elle a pris en compte « la gravité exceptionnelle et le nombre d’actes » pour lesquels l’accusé est poursuivi, la cour saisie de sa demande de libération constate que sa détention provisoire « dure depuis environ deux ans, ce qui peut être considéré comme une période exceptionnellement longue » et que les faits reprochés remontent à plus de 20 ans.
« En ayant pris en compte tous ces éléments », le tribunal de Pirkanmaa « considère que le maintien en détention de M. Massaquoi serait déraisonnable et qu’il doit être relâché immédiatement dans l’attente du verdict », selon sa décision.
Le procureur chargé de l’affaire, Tom Laitinen, a qualifié la décision de « surprise » et confirmé que l’accusé serait libéré ce mercredi. Il a refusé d’y voir un signe annonciateur pour le verdict. Le procès s’est achevé en janvier. « C’est une spéculation que je ne souhaite pas faire. Il y a toujours une chance qu’il soit condamné », a affirmé le procureur à l’AFP.
Gibril Massaquoi, qui vit en exil en Finlande depuis 2008 et y a été arrêté en 2020 après la mobilisation d’ONG, peut désormais circuler librement. « Il est libre et attend la décision du tribunal sur le fond. Il est libre comme n’importe qui d’autre, nous ne lui avons pas imposé de restrictions », a expliqué à l’AFP le juge Juhani Paiho.
Arrêté en mars 2020 à Tampere, Gibril Massaquoi est jugé pour une série de meurtres, viols et actes de torture perpétrés au Liberia entre 1999 et 2003, par lui-même ou par des rebelles du Front révolutionnaire uni (RUF) sous ses ordres.
Surnommé « l’Ange Gabriel », il était alors un haut responsable de ce groupe armé sierra-léonais dirigé par le caporal Foday Sankoh, proche de l’ex-chef de guerre libérien devenu président, Charles Taylor. Durant son procès, marqué par la difficulté d’établir les preuves, l’homme a rejeté toutes les accusations et affirmé qu’il n’était pas au Liberia au moment des faits, .
AFP