L’armée ghanéenne est intervenue dans la nuit de mercredi à jeudi dans l’enceinte du Parlement pour rétablir le calme, entre les députés du parti au pouvoir et de l’opposition, élus en décembre et qui devaient faire leur rentrée jeudi matin, selon des témoins.
Des scènes de chaos se sont produites après qu’un député du parti au pouvoir a tenté de prendre l’urne contenant des bulletins de vote lors de l’élection du président de la Chambre. Après plusieurs heures de bagarres, l’armée est finalement intervenue devant les caméras de la télévision nationale, qui retransmettaient en direct cette séance.
« C’est une entorse totale à la loi », s’est indigné Kwame Twumasi Ampofo, député du Congrès national démocratique (NDC), de l’opposition.
« Quand bien même il y aurait des problèmes de sécurité, l’armée n’a pas sa place dans la Chambre. Nous protestions (contre la tentative de vol des bulletins) mais nous n’étions pas violents », assure-t-il.
Le Parlement, élu en décembre est divisé de manière quasi égale entre les députés du Nouveau Parti Patriotique (NPP) et du NDC, qui se partagent chacun 137 sièges, auxquels s’ajoute un seul indépendant.
Un député de l’opposition a été suspendu mercredi après une décision de justice, lui reprochant sa double nationalité, ramenant le nombre de députés de l’opposition à 136 contre 137 pour le NPP. Ils devaient voter cette nuit pour élire leur président, à quelques heures de l’investiture officielle du nouveau Parlement et du chef de l’Etat Nana Akufo-Addo, élu pour un second mandat.
« Un tribunal a fait savoir qu’un élu n’était pas autorisé à voter », a déclaré à l’AFP Atta Akyea, un député du parti au pouvoir. « Tout ce vote (pour élire le président du Parlement) est donc teinté d’irrégularités, c’est une honte », a-t-il estimé.
Le Ghana, pays réputé comme un exemple démocratique en Afrique de l’Ouest, a voté dans un double scrutin présidentiel et législatif extrêmement serré qui s’est globalement déroulé dans le calme. Mais fin décembre le candidat de l’opposition John Dramani Mahama (47,36% des voix) a saisi la Cour suprême pour contester les résultats de l’élection présidentielle remportée par M. Akufo-Addo (51,59%).
Ces deux adversaires politiques de longue date s’affrontaient pour la troisième fois, avec lors des deux précédents scrutins des résultats également serrés.
AFP