Un soldat congolais a été tué et deux policiers rwandais et des civils blessés vendredi dans un échange de tirs à un poste-frontière entre la République démocratique du Congo (RDC) et le Rwanda à Goma, dans un contexte de tensions extrêmes entre les deux pays, selon des sources sécuritaires.
« Un soldat congolais a foncé, tirant en direction de la frontière rwandaise. Un soldat rwandais a tiré sur lui et il est mort sur place », a témoigné sous couvert de l’anonymat auprès de l’AFP un policier congolais présent lors de l’incident, qui a eu lieu au poste frontière dit de la « Petite barrière ».
« Il s’en est suivi un échange des tirs entre nous et les forces de sécurité rwandaises. Il y a des blessés parmi les civils qui voulaient traverser la frontière », a ajouté la source. « Un militaire congolais non autrement identifié a tiré sur les passants qui traversaient la frontière (…) Il a blessé deux policiers (rwandais).
C’est ainsi qu’en réplique, le militaire congolais qui a tiré a été fusillé », lit-on sur le compte Twitter de l’armée rwandaise. Les tensions ont repris entre la RDC et le Rwanda avec la résurgence du Mouvement du 23 mars (M23), accusé d’avoir tué en janvier au moins 26 militaires congolais dans une attaque, selon le Baromètre sécuritaire du Kivu (KST).
Depuis, Kinshasa accuse Kigali de soutenir cette rébellion à prédominance tutsi, ce que Kigali dément. En début d’après-midi, le corps du soldat congolais tué a été rapatrié en RDC, applaudi par la foule qui lui a rendu hommage, le qualifiant de « héros ». Des observateurs de la CIRGL (Conférence internationale sur la région des Grands Lacs) ont discuté brièvement avec des officiels congolais et rwandais sur le lieu de l’incident à la frontière, avant de poursuivre les discussions ailleurs au Rwanda, a constaté un correspondant de l’AFP.
Au même moment, des policiers congolais continuaient de contenir plus d’une centaine de manifestants qui tentaient de s’approcher de la « Petite barrière », scandant des slogans hostiles au président rwandais Paul Kagame et appelant à l’expulsion des Rwandais. A Bukavu, dans la province voisine du Sud-Kivu (est), des centaines de manifestants ont marché contre le Rwanda, scandant des slogans hostiles au président Paul Kagame et appelant à l’expulsion des Rwandais du territoire congolais.
Lundi, le M23 a occupé Bunagana, un important centre commercial situé à la frontière avec l’Ouganda, avec le soutien militaire du Rwanda selon les autorités congolaises. Rébellion à dominante tutsi vaincue en 2013 par Kinshasa, le M23 a repris les armes fin 2021, en reprochant aux autorités congolaises de ne pas avoir respecté un accord pour la démobilisation et la réinsertion de ses combattants.
Les relations entre la RDC et le Rwanda sont tendues depuis 1994, l’année du génocide au Rwanda qui a fait selon l’ONU 800.000 morts, Tutsis ou Hutus modérés, tués par les Forces armées rwandaises (FAR) et les milices extrémistes hutu Interahamwe.
AFP