Une foule d’une ampleur exceptionnelle manifeste à Alger à l’occasion du dernier vendredi avant l‘élection présidentielle, massivement rejetée par les Algériens, a constaté une journaliste de l’AFP.
La participation, impossible à évaluer précisément en raison notamment de l’absence de comptage officiel, semble comparable à celle du 1er novembre dernier —lorsque la marche a coïncidé avec le 65e anniversaire du début de la guerre d’indépendance— et à celles des plus grandes manifestations de mars, avril et mai.
Les manifestants, parmi lesquels beaucoup de femmes, tapent des mains en criant à l’unisson “Makache (pas de) vote”, “Etat civil et non militaire”.
Après avoir obtenu en avril la démission d’Abdelaziz Bouteflika, président pendant 20 ans, le mouvement populaire de contestation qui agite le pays depuis février réclame désormais le démantèlement de la totalité du “système”, au pouvoir depuis l’indépendance du pays en 1962.
Le mouvement (“Hirak”) estime que la présidentielle du 12 décembre ne vise qu‘à permettre à ce même “système” de ce régénérer.
“Pas de marche arrière”, “Pas de vote, on jure que l’on ne s’arrêtera pas”, a-t-on entendu alors que la marée humaine se mettait en marche, en début d’après-midi, pour un 41e vendredi consécutif de mobilisation dans le centre de la capitale, au son des youyous des femmes.
“Élan populaire”
“Je ne vais pas voter et le 8 décembre je ferme ma boutique”, ont aussi scandé les manifestants, relayant un appel à la grève générale à partir de dimanche, diffusé sur les réseaux sociaux.
“Eh Gaïd Salah, oublie le vote!” le 12 décembre, ont-ils aussi lancé à l’adresse du chef d‘état-major de l’armée, qui exerce de facto le pouvoir depuis le départ d’Abdelaziz Bouteflika.
S’exprimant pour la première fois un vendredi depuis le début du “Hirak”, le chef de l’armée a évoqué dans un discours “une échéance cruciale et importante, à savoir les élections présidentielles du 12 décembre qui seront, grâce à l’aide d’Allah le Tout-puissant, une fête électorale, à travers laquelle se réalise la volonté populaire”.
En dépit d’une répression des manifestations qui, selon Amnesty International, s’est “intensifiée” à l’approche du 12 décembre, la contestation montre vendredi qu’elle reste massivement mobilisée contre le scrutin, pour lequel le pouvoir affirme voir “un élan populaire”.
AFP