Trois régions éthiopiennes vont déployer des troupes pour soutenir les opérations militaires menées par l’armée fédérale dans la région du Tigré, en proie depuis plus de huit mois à un conflit dévastateur, selon des déclarations officielles et des médias d’État.
Ces régions sont l’Oromia, la plus grande région d’Éthiopie, ainsi que le Sidama et la Région des Nations, nationalités et peuples du Sud (SNNPR). »Les forces spéciales régionales d’Oromia et du Sidama se sont déplacées vers le front.
Les forces spéciales du Sidama sont arrivées sur la ligne de front », a rapporté la chane Fana BC, ajoutant que les forces du SNNPR étaient également arrivées.
Aucune précision n’était disponible sur le nombre de troupes envoyées vers le Tigré. Un porte-parole militaire contacté par téléphone a refusé de répondre aux questions sur les opérations en cours.
Abiy Ahmed a envoyé l’armée fédérale au Tigré en novembre dernier pour destituer les autorités régionales, issues du Front de libération du peuple du Tigré (TPLF). Selon lui, cette opération répondait à des attaques contre des camps de l’armée fédérale ordonnées par le TPLF.
Le Premier ministre a proclamé la victoire fin novembre après la prise de la capitale régionale Mekele. Mais les combats ont persisté et les dirigeants du TPLF sont restés en fuite.
Le conflit a connu un tournant inattendu fin juin avec la reprise de Mekele par les forces pro-TPLF, forçant Abiy à déclarer un cessez-le-feu unilatéral et à retirer la plupart des troupes fédérales de la région.
Cette semaine, les rebelles, rebaptisés Forces de défense du Tigré (TDF), ont lancé une nouvelle offensive pour chasser les forces de la région voisine de l’Amhara de territoires disputés dans l’ouest et le sud du Tigré.
En réponse, les forces de sécurité et les milices amhara se sont mobilisées en masse, et un porte-parole de cette région, Gizachew Muluneh, a déclaré mercredi qu’elles allaient passer à l' »attaque » pour reprendre le terrain gagné dernièrement par les rebelles tigréens.
Cette déclaration est intervenue quelques heures après que le Premier ministre Abiy Ahmed, prix Nobel de la paix 2019, s’est engagé à « repousser » les attaques des ennemis de l’Éthiopie.
Des journalistes de l’AFP se sont rendus mercredi dans la ville d’Adi Arkay, près de la frontière entre l’Amhara et le Tigré, et ont vu des milliers de combattants d’une milice amhara mobilisés, attendant l’ordre d’avancer. Le président de la région Oromia, Shimeles Abdisa, a déclaré jeudi lors d’une conférence de presse que les dirigeants tigréens voulaient « déstabiliser » l’ensemble du pays.
« Nous condamnons dans les termes les plus forts ceux qui travaillent dur pour ramener à la vie ce groupe terroriste (le TPLF, ndlr). Nous devons rester unis pour faire tout ce qu’il faut pour le neutraliser », a déclaré Shimeles.
AFP