Les incidents de sécurité qui se sont multipliés dans la région de l’Amhara « deviennent inquiétants », a déclaré le vice-Premier ministre éthiopien Demeke Mekonnen, après de récents accrochages armés entre des forces fédérales et des combattants locaux.
Plusieurs ambassades occidentales ont recommandé à leurs ressortissants de ne pas se rendre dans cette région du nord de l’Ethiopie, qui connaît « violence » et « instabilité ». L’Amhara connaît des troubles depuis que le gouvernement a annoncé mi-avril vouloir démanteler les « forces spéciales » dans le pays, des unités paramilitaires créées par de nombreux Etats régionaux depuis une quinzaine d’années.
Les nationalistes amhara estiment que le gouvernement vise les seules « forces spéciales » amhara pour affaiblir leur région. Plusieurs accrochages armés entre soldats de l’armée fédérale et combattants locaux ont été rapportés ces dernières semaines.
« Les problèmes de sécurité observés dans différentes parties de la région de l’Amhara deviennent inquiétants », a déclaré Demeke Mekonnen dans un message posté mercredi soir sur son compte officiel Facebook.
« Nous sommes à un moment historique où nous devons comprendre que +si vous n’avez pas la paix, vous perdrez tout+ », a-t-il ajouté, sans détailler l’identité des parties impliquées dans ces « problèmes de sécurité ».
Un porte-parole de l’armée éthiopienne Getnet Adane avait évoqué lundi lors d’une conférence de presse des attaques menées par des combattants se revendiquant de la milice nationaliste amhara Fano.
« Nous prendrons des mesures contre ceux qui, de quelque manière que ce soit, ont attaqué notre armée ou facilité les attaques contre notre armée », a-t-il déclaré, tout en dénonçant des « forces qui prétendent faire quelque chose (au nom de Fano) alors qu’il n’y en a pas sur le terrain ».
Dans les consignes de voyage à leurs ressortissants, les autorités britanniques soulignent « une augmentation de la violence » dans certaines parties de l’Amhara « caractérisée par la prise de contrôle de Fano sur ces zones et des conflits entre Fano et l’ENDF (l’armée fédérale) ».
« Récemment, l’aéroport de Lalibela a été pris par les milices Fano », ajoutent-elles, évoquant cette ville touristique qui abrite des églises taillées dans le roc classées au Patrimoine mondial de l’Unesco.
Aucun média éthiopien n’a fait état d’incidents à Lalibela, mais l’ambassade d’Espagne en Ethiopie a conseillé mardi dans un message sur Twitter, rebaptisé « X », « aux Espagnols qui se trouvent à Lalibela de ne pas quitter leur hôtel ou leur domicile et de contacter l’ambassade ».
Les « forces spéciales » de l’Amhara, épaulées par les milices dites « d’autodéfense » Fano, ont apporté une aide cruciale à l’armée fédérale durant les deux ans de conflit armé qu’elle a mené contre les autorités dissidentes de la région du Tigré, voisine de l’Amhara.
Un accord de paix a mis fin en novembre 2022 à cette guerre, mais le texte mécontente une large partie de la communauté amhara, la deuxième en nombre du pays.
AFP