Les rebelles tigréens ont annoncé être arrivés en Afrique du Sud où doivent débuter lundi des pourparlers de paix avec le gouvernement éthiopien afin de trouver une solution pacifique à la guerre qui ravage depuis deux ans le nord de l’Ethiopie.
Le gouvernement fédéral du Premier ministre Abiy Ahmed a annoncé la semaine dernière qu’il participerait à ces discussions, qui se tiennent sous l’égide de l’Union africaine (UA). Il n’a pas communiqué sur l’arrivée de sa délégation. Les rebelles tigréens et l’armée fédérale – appuyée par les forces de régions éthiopiennes voisines et de l’armée de l’Erythrée, pays frontalier du Tigré – s’affrontent depuis novembre 2020 dans un conflit meurtrier qui a plongé le nord de l’Ethiopie dans une profonde crise humanitaire.
Un porte-parole des autorités rebelles du Tigré, Kindeya Gebrehiwot, a annoncé dans la nuit sur Twitter l’arrivée d’une délégation. Il a également répété les demandes rebelles de « cessation immédiate des hostilités, accès humanitaire sans entraves et retrait des forces érythréennes ». De précédents pourparlers, convoqués début octobre en Afrique du Sud par l’UA, avaient fait long feu avant même de commencer, sur fond de problèmes d’organisation.
Jeudi, Abiy Ahmed a déclaré que la guerre allait « se terminer et la paix l’emporter ». « Nous n’allons pas continuer à nous battre indéfiniment », a-t-il affirmé, sans toutefois évoquer les prochaines discussions et alors que les forces progouvernementales ont récemment accentué leur offensive au Tigré. Après cinq mois de trêve, les combats ont repris le 24 août.
Les forces éthiopiennes et érythréennes se sont emparées la semaine dernière de Shire, une des principales villes du Tigré. Une source humanitaire a indiqué à l’AFP que d’intenses combats se déroulaient vendredi à Selekelka, à mi-chemin entre Shire et Aksoum, autre ville majeure du Tigré et site antique inscrit au Patrimoine mondial de l’humanité.
La communauté internationale s’est alarmée de la récente intensification des combats. Le Conseil de sécurité de l’ONU et le Conseil de paix et de sécurité de l’UA ont tous deux tenu des réunions vendredi sur le sujet. Le porte-parole du département d’État américain, Ned Price, a souligné que ces réunions « démontrent la grande préoccupation de la communauté internationale » et renouvelé les appels américains à une reprise de l’aide humanitaire et au retrait des troupes érythréennes.
La guerre a commencé en novembre 2020 quand Abiy Ahmed a envoyé l’armée fédérale au Tigré pour en déloger les autorités régionales qui contestaient son autorité et qu’il accusait d’avoir attaqué des bases militaires. Le bilan exact de ce conflit, qui se déroule largement à huis clos, les journalistes n’ayant pas accès à la région, est inconnu.
L’ambassadrice américaine auprès de l’ONU, Linda Thomas-Greenfield, a affirmé vendredi que « l’ampleur des combats et des morts rivalise avec ce que nous voyons en Ukraine ». Selon elle, « en deux ans de conflit jusqu’à un demi-million de personnes sont mortes ».
AFP