La mort de trois employés de Médecins sans Frontières (MSF) en juin 2021 dans la région éthiopienne du Tigré était « intentionnelle », a annoncé l’ONG à l’issue d’une enquête interne publiée jeudi.
Les corps de trois travailleurs humanitaires – une Espagnole et deux Ethiopiens – travaillant pour MSF ont été retrouvés à côté de leur voiture dans cette région du Nord du pays en proie depuis plus de quatorze mois à la guerre. Ils se rendaient près de la localité de Abi Adi pour venir en aide à des personnes blessées lors de combats, selon MSF.
« Après une heure de route leur voiture a été stoppée. Leurs corps ont été trouvés à une distance de 100 à 400 mètres de la voiture et leurs blessures ont montré que chacun a subi de multiples tirs par balles à courte distance », déclare Paula Gil, présidente de MSF Espagne.
« Cette information confirme que l’attaque ne cadrait pas avec des tirs croisés, mais à l’inverse était un meurtre intentionnel de trois travailleurs humanitaires », poursuit-elle, soulignant que la voiture portait le logo de MSF et que ses occupants étaient « clairement identifiables ».
L’ONG qui dit avoir fait « tous les efforts possibles pour comprendre ce qui leur est arrivé » n’a pas pu déterminer qui était responsable de cette attaque. Les autorités ont affirmé qu’une enquête était en cours, note l’ONG, qui se dit également « inquiète » des prises de position du gouvernement contre les organisations humanitaires.
En juillet, un responsable avait notamment accusé certaines ONG d' »armer l’autre camp », en référence aux rebelles tigréens du Front de libération du Peuple du Tigré (TPLF), sans donner plus de détails. « En Ethiopie, nos équipes sont régulièrement sujettes à du harcèlement, à des menaces graves et à des arrestations », note Mme Gil.
En raison de la suspension temporaire de ses activités dans certaines régions ainsi que de l’instauration début novembre d’un état d’urgence, MSF ne fournit actuellement des soins médicaux que dans les régions Afar et Sud.
Prix Nobel de la paix 2019, le Premier ministre Abiy Ahmed a envoyé en novembre 2020 l’armée fédérale au Tigré pour en destituer les autorités régionales, issues du TPLF, qui contestaient son autorité et qu’il accusait d’avoir attaqué des bases militaires.
Marqué par les exactions, le conflit a fait des milliers de morts et la région, soumise selon l’ONU à un « blocus de facto » de l’aide humanitaire, manque de nourriture et de médicaments.
AFP