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ENTRETIEN : Master G  » la légende de la Saga Hip-hop continue, nos enfants spirituels reprendront le flambeau  »

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Tels ses locks résistent à l’usure du temps, le rappeur Master G a dû survivre à tous.

« Mon break n’était pas dû à un manque d’inspi, je crois que j’ai été mis sur la liste rouge des producteurs et j’ai payé le prix de mon boycotte ». Nous confie-t-il.

Dans cet entretien exclusif, l’ex membre de la Saga Hip-hop a joué carte sur table pour nous parler de ses débuts, ses erreurs de jeunesses et du présentateur du JTR qu’il est devenu. Un concept télé qui coprésente avec Clim poco, un autre poids lourd du rap made in Guinea sur Espace TV.  Entretien.

Raconte-nous tes débuts dans le Rap. Est-ce que c’est le rap qui s’est révélé à toi ou le contraire ?

C’est une belle question. J’étais influencé par le rap américain, français à travers notamment ‘’ planète mars ‘’ du groupe IAM qui m’a beaucoup inspiré. J’ai dit pourquoi ne pas me lancer et tenter de faire mes propres vibes parce que je suis un être sensible aux faits sociaux. Tout de suite j’ai migré vers l’écriture. Avant c’était les beats, les samples qu’on faisait. Sur quelques samples j’ai posé. Il y avait cette énergie en moi. Et à un moment donné c’est le rap qui est venu à moi. J’ai été découvert en 1998 par la Saga Hip-hop lors d’une kermesse du collège Sangoyah. J’ai fait un premier morceau ‘’ Suis pas né dans un château ‘’ pour la compilation de Saga Hip-hop intitulé ‘’ Afric Hard Core ‘’ qui est sorti le 29 novembre 1999. C’est comme ça je suis venu à la musique.

La Saga Hip-hop a été un tremplin pour toi et un tournant décisif de ta carrière de rappeur. Comment et pourquoi cette aventure s’est arrêtée ?

La Saga Hip-hop d’abord je tiens à le rappeler a été proposé par le groupe Kill Point. Ils (les membres de KP) avaient déjà produit le mouvement MRK composé de groupes comme SYNDICAT, MAS de Phaduba, PNN qui ont enfanté beaucoup de talents comme Elie Kamano. A l’époque il n’y avait plus de place. Les groupes comme AME NOIRE qui était membre de Rap Koulè ont été marginalisés. C’est pour compenser cela que Général, Prophète G, Amadou Barry ont proposé de mettre en place la Saga Hip-hop en recrutant certains jeunes parmi lesquels je me suis trouvé. Je dois dire que la Saga Hip-hop ne s’arrêtera jamais parce que c’est à l’image du Wu Tang. C’est la famille, des amis d’enfance. Ça m’a fait chaud au cœur quand ils m’ont invité à joindre le mouvement. Parce qu’à l’époque AME NOIRE était un groupe qui m’impressionnait. C’était des bêtes de scène qui maitrisait vraiment le rap. Ils étaient deux Stony Lake et Baldass deux autres jeunes rappeurs ont rejoint le groupe. Nos débuts ont été vraiment difficiles, on n’avait pas trop de plans. J’ai déboursé un million de francs guinéens de ma poche pour quelques enregistrements à l’Alliance franco-guinéen. C’est dire combien de fois on était passionné au début. La légende continue parce que c’est une histoire de famille, d’amis quoique les frères soient aujourd’hui éparpillés partout à travers le monde. La légende ne s’est pas arrêtée. Une autre génération, nos enfants spirituels viendront on espère reprendre le flambeau.

Alors disons que le groupe a marqué une pause (rire). Ce fut aussi une nouvelle aventure pour certains membres dont Master G qui s’est tout de suite lancé dans une carrière solo ?

Quand je sortais mon premier Album quelques membres de la SHH étaient là, d’autres étaient en Europe pour des concerts ils ont décidé d’y rester. Vous savez quand dans un pays, la mauvaise gouvernance est légion, les jeunes sont tentés à l’immigration. Sans porter de jugement à quiconque, nous étions tous à la recherche du bonheur. Donc le 7 septembre 2003 j’ai fait mon tout premier Album ‘’ On n’est pas fou ‘’ qui a été produit par Benedi Record. Après il y eu Beni compilation trois volumes à laquelle j’ai participé.

Il t’est arrivé aussi de faire un break à ce moment – là. Master G avait littéralement quitté la scène. Qu’est ce qui s’est passé ?

Il y a eu des mésententes entre le label Benedy et moi. Il n’arrivait plus à honorer ses engagements. Il y a eu de grosses prises de tête. Je me souviens encore  après une tournée en région forestière, j’étais avec Elie Kamano et Mamdi. La tournée devrait se poursuivre à N’Zérékoré et arrivés à Gueckedou la route était impraticable. Le monsieur (Benedi) a voulu qu’on emprunte des motos pour continuer sur une route boueuse. Elie Kamano, Mamdi et moi avions alors décidé de rebrousser chemin. Et puisque nous sommes revenus à Conakry, le monsieur (Benedi) s’est refusé de nous remettre nos cachets pour les autres villes où nous avons tenu des concerts. C’est la DPJ qui a tranché l’affaire. Nous étions jeunes à l’époque ce sont des erreurs de jeunesse. J’ai payé le prix de ce boycotte. Je pense que j’ai été mis sur la liste rouge des producteurs en me taxant d’homme le plus compliqué. Donc ce break n’a rien à avoir avec le fait que je manquais d’inspiration comme beaucoup l’ont pensé. L’inspiration c’est chaque matin, c’est comme la vie, c’est une gratitude envers l’univers et le cosmos de nous maintenir en vie. Tant qu’il y a la vie il y a l’inspiration. Par manque de plans il n’y avait pas de manager intelligent en ce moment-là qui pouvait planifier une carrière. Il n’y avait pas de gros diffuseurs tels qu’on connait aujourd’hui avec la prolifération des radios et télévisions privées.

Tu n’es toujours pas revenu sur scène mais tu es sous le feu des projecteurs grâce à une émission télé le journal rappé que tu présentes sur Espace TV. Comment ce projet est né ?

L’idée m’a été insufflée par le rappeur sénégalais Xuman de Pee Froiss. Il est l’initiateur du journal rappé en Afrique. J’avais déjà collaboré avec en 1999, on faisait le son Neger for life. Il devrait figurer dans un de mes morceaux qui a été reconduit dans beni compilation. Le JTR après le Sénégal existe en Côte d’ivoire, au Togo. En 2007 je suis allé à Dakar dans le cadre d’un festival de rap dont Xuman était tête d’affiche. Quand on s’est rencontré il m’a dit « écoute le JTR si ça t’intéresse tu peux le lancer chez toi » . Je lui ai dit que je n’ai aucune formation pour ça. Il m’a donné quelques techniques en disant que c’est juste du rap. A mon retour au pays je suis allé proposer le projet à Espace TV qui a tout de suite adhéré au concept. Quand Xuman lui-même quand il a vu un de nos numéros il a trouvé notre JTR spécial avec les VTR (extrait) que nous utilisons. Vous êtes plus proches des médias que nous a-t-il dit. Je coprésente cette émission avec Clim poco de Sembeke qui est un doyen et un excellent rappeur qui manie très bien la langue soussou.

Question d’un internaute : ça te dit de faire carrière dans le journalisme ?

(Rire) je suis là juste que pour le journal rappé. Je ne suis pas formé à ça mais bon je ne sais pas aussi ce que l’avenir me réserve.

Q.I : est-ce que Master G est tenté par un autre style de rap ?

(Rire) Je trouve la question bizarre. Je me demande qu’est-ce qu’il entend par style de rap. Je n’aime pas porter d’étiquette mais Moi je fais du rap conscient. Du hardcore que nous a laissé nos anciens, les Tupac, MOB et tout. Ça ne veut pas dire que je ne peux pas me mélanger. J’aime bien le métissage. Je suis bien tenté par le Jazz. Ce genre me fascine. J’ai un ami réalisateur français Jérémy Lenoir qui m’a même dit un jour « Toi tu serais bien dans le jazz » et je sais qu’un jour je ferai du jazz.

Choc entre deux générations. Je parle notamment du clash qu’il y a eu récemment entre Bill de Sam et Djani Alpha. Comment est-ce que tu as réagi à ça ?

Ça été un manque de tolérance de la part de Djani. Après d’ailleurs il est revenu présenter ses excuses au doyen. C’est vrai Bill de Sam n’était pas Hardcore, il ne parlait pas de la rue. Mais avant tout c’est notre grand frère, ses beats c’est des kicks. Son morceau Ma fée par exemple les lyrics il est sans faute. Jusqu’à présent on peut l’écouter parce que c’est bien fait et c’est un lyric Hip-hip. Il n’y a pas besoin de lui lancer l’opprobre. Bill de sam est bien dans ses bottes pour nous faire la morale parce que c’est un ancien, il a de l’expérience même si je sais pour ma part c’est Prophète G, Kill point qui ont rassemblé le mouvement.

C’est quoi la religion de Master G ?

La religion c’est une intimité. Pour le moment je n’ai pas de religion et ça ne veut rien dire pour moi. Mon combat c’est que chaque je travaille sur moi-même. J’essaie de faire moins d’erreurs, j’essaie de briller et d’envoyer des rayons autour de moi. Je crois que ce monde en a assez des étiquettes musulman, chrétien. Ce monde subit le poids des religions. L’Afrique est à genoux moi j’accuse la Mecque, le Vatican parce que ce sont eux qui ont préparé le colonialisme, l’esclavage. Loin d’être une haine c’est un réveil de la conscience. Parce que l’Afrique a tout possédé et l’Afrique possède tout. L’Afrique a donné le premier homme sur terre. Et ce premier homme a dû s’adresser à l’infiniment grand quelque part. Il a dû cultiver une manière. Mais c’est ce nihilisme depuis des milliers de générations qui est devenu un poison émotionnel dans nos ADNs. Nous devons nous retourner vers nos ancêtres. Ils sont les meilleurs nos ancêtres, ils nous aiment, ils vivent en nous tu vois ? Otep !

Ton actualité musicale ?

Je tiens à remercier Lamine Guirassy le PDG du groupe Hadafo Médias qui nous a promis un album chacun Clim poco et moi. Je travaille sur le mien et vous promet que ça sera du lourd.

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