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5 ans agoon
Devant le Conseil de sécurité, le chef des opérations de paix de l’ONU a décrit une situation politique toujours fragile et une insécurité persistante en République centrafricaine (RCA), 16 mois après la signature de l’accord de paix et à six mois des élections.
Seize mois après sa signature, l’Accord politique pour la paix et la réconciliation rencontre des obstacles dans sa mise en œuvre en raison d’une situation politique toujours fragile et d’une insécurité persistante, alerte l’ONU.
« La mise en œuvre de l’accord politique (pour la paix et la réconciliation) est devenue plus difficile dans le contexte actuel », a déclaré lundi le Secrétaire général adjoint de l’ONU aux opérations de paix, Jean-Pierre Lacroix, lors d’une réunion par visioconférence du Conseil de sécurité sur la RCA.
M. Lacroix s’est dit profondément préoccupé par les violations persistantes de l’accord, principalement par certains de ses signataires. « Notre principale préoccupation en ce moment sont les tensions entre le gouvernement et le chef des Retour, Réclamation et Réhabilitation (3R), qui a annoncé que son groupe armé suspendrait sa participation aux mécanismes de suivi et de contrôle de l’accord politique et a adopté une réponse agressive qui ne correspond pas à ses engagements », a dit le Secrétaire général adjoint.
Dimanche, une patrouille conjointe de la Mission des Nations Unies en République centrafricaine (MINUSCA) et des Forces armées centrafricaines (FACA) a été attaquée dans la préfecture de Nana-Mambéré. L’attaque meurtrière attribuée au 3R a coûté la vie à deux soldats des FACA et blessé sept autres soldats centrafricains dans une embuscade tendue contre eux. M. Lacroix, a condamnée « une attaque lâche ».
Afin de préserver la viabilité de l’Accord politique, la MINUSCA travaille en étroite collaboration avec les garants de l’accord et d’autres partenaires et coopère avec les parties pour encourager et faciliter le dialogue, tout en maintenant une position solide pour protéger les civils et atténuer les menaces posées par les groupes armés et les milices.
Insécurité persistante dans le nord du pays
La situation sécuritaire en RCA demeure instable, en raison des menaces persistantes que représentent principalement les groupes armés et les milices contre les civils, les travailleurs humanitaires, les autorités de l’État et les soldats de la paix. « Certains groupes armés – y compris les signataires de l’Accord – ont reconnu l’appel du Secrétaire général à un cessez-le-feu mondial, tout en utilisant la violence à des fins expansionnistes », a déploré M. Lacroix.
Dans le nord-est du pays, de violents affrontements entre factions rivales du Front populaire pour la renaissance de la Centrafrique (FPRC) qui ont commencé en avril ont exacerbé les tensions communautaires dans la région et entraîné des déplacements massifs de population. Pour protéger les civils et atténuer les activités criminelles graves des groupes armés et des milices, la MINUSCA a renforcé ses forces dans la région et a lancé des opérations militaires en mai à Ndélé et dans le triangle Sibut-Grimari-Kouango dans les préfectures de Ouaka et de Kemo. Ces opérations en cours, ainsi que les arrestations, ont contribué à stabiliser la situation. « Nous continuerons de combiner notre approche de la protection des civils avec le soutien à l’Etat de droit et à la lutte contre l’impunité », a dit le chef des opérations de paix de l’ONU.
Dans le nord-ouest de la RCA, le groupe armé 3R continue de s’étendre et de remettre en cause l’autorité de l’État. Tout en revendiquant la protection de sa communauté contre les attaques des anti-balaka, l’expansion de 3R a contribué à la détérioration de la situation sécuritaire dans cette région. En réponse, la MINUSCA mène deux opérations militaires pour protéger les civils, combinées à des enquêtes criminelles, afin d’atténuer la menace posée par les 3R et d’empêcher son expansion.
Situation politique toujours fragile à six mois des élections
En RCA, « la situation politique demeure fragile », a rappelé le Secrétaire général adjoint aux membres du Conseil. Le pays doit tenir en décembre 2020 des élections présidentielle et législatives. Selon le dernier rapport de l’ONU sur la RCA, les tensions politiques dans le pays ont été amplifiées par la tentative de certains groupes de parlementaires issus de la majorité présidentielle de proroger les prérogatives du Président de l’Assemblée nationale au cas où les élections ne pourraient être organisées dans les délais constitutionnels en raison de « circonstances imprévues ». La Cour constitutionnel de la RCA a rejeté cette proposition le 5 juin. Une décision qui a contribué à faire retomber les tensions, estime M. Lacroix.
Sur le terrain, le Représentant spécial du Secrétaire général de l’ONU en RCA, Mankeur Ndiaye, ne ménage aucun effort pour faire retomber les tensions en dialoguant avec toutes les parties. M. Lacroix soulignent l’importance pour tous les acteurs nationaux de trouver des « solutions constructives et consensuelles » aux différends et de « s’abstenir de toute activité déstabilisatrice ». « Dans ce contexte, le Conseil de sécurité et la communauté internationale doivent rester vigilants et engagés alors que nous approchons des échéances électorales de décembre 2020 », a dit le Secrétaire général adjoint.
L’ONU a noté des progrès importants dans les préparations aux élections auxquels la MINUSCA apporte son soutien. Le processus d’enregistrement des électeurs a été lancé ce lundi mais la question de la participation des réfugiés centrafricains n’est toujours pas résolue. Des progrès ont également été constatés pour ce qui concerne le financement des élections par les partenaires internationaux avec de généreuses contributions de l’Union européenne et des Etats-Unis. Mais sur les 41,8 millions de dollars nécessaires pour organiser les élections, un quart (10,5 millions de dollars) manquent toujours.
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