L’organisation de défense des droits humains Amnesty international a appelé mercredi Le Caire à libérer neuf citoyens coptes, en détention provisoire depuis près de deux mois après avoir manifesté pour réclamer la reconstruction d’une église incendiée en 2016.
D’après Amnesty, les neuf personnes sont « détenues arbitrairement » depuis le 30 janvier après avoir « manifesté pacifiquement » contre le refus des autorités de reconstruire la seule église de leur village, incendiée en 2016, dans la région de Minya, à 220 kilomètres au sud du Caire.
« Les autorités égyptiennes ont ignoré pendant des années les appels à reconstruire l’église, laissant environ 800 chrétiens coptes sans lieu de culte dans leur village », déplore Philip Luther, chargé de l’Afrique du Nord et du Moyen-Orient à Amnesty International.
Les chrétiens coptes d’Egypte « devraient avoir le droit de pratiquer leur religion », alors qu’ils sont visés par des lois « discriminatoires » qui imposent des restrictions à la construction et la rénovation d’églises, poursuit l’ONG. En 2021, l’église a été démolie et les habitants du village ont envoyé une demande de reconstruction, mais les autorités locales n’ont pas répondu à cette demande, bien que la loi oblige un retour dans les quatre mois, précise Amnesty.
L’existence des coptes –la plus importante minorité religieuse du Moyen-Orient avec 10 à 15 millions d’Egyptiens sur 103 millions– remonte à l’aube du christianisme, à l’époque où l’Egypte est intégrée aux empires romain puis byzantin. Au-delà d’une législation très contraignante pour la construction des églises, les coptes s’estiment tenus à l’écart de nombreux postes de la justice, des universités ou encore de la police dans un pays très majoritairement musulman.
Le sujet est sensible et le militant copte des droits humains Patrick Zaki a déjà passé 22 mois en détention pour « diffusion de fausses informations » à cause d’un article dénonçant des violations des droits des chrétiens en Egypte. Les coptes ont subi les représailles d’islamistes radicaux notamment après le renversement par l’armée en 2013 du président islamiste Mohamed Morsi avec des églises, des écoles et des maisons incendiées.
AFP