La société civile s’est inquiétée d’une possible modification de la Constitution pour permettre au chef de l’État de se présenter à un troisième mandat, évoquée lors du dialogue de réconciliation nationale organisé depuis lundi en Centrafrique.
La semaine dernière, le président Faustin Archange Touadéra avait annoncé à la surprise générale que le « Dialogue républicain » avec l’opposition et la société civile, promis au lendemain de sa réélection très contestée en décembre 2020, aurait lieu à partir du 21 mars, mais sur un programme et des objectifs restés très vague pour des débats prévus sur une semaine seulement.
« On ne pense pas que le dialogue changera quoi que ce soit, c’est un monologue du pouvoir », a déclaré à l’AFP Gervais Lakosso, membre du groupe de travail de la société civile. « Notre inquiétude s’installe parce que certains points abordés, comme la modification de la Constitution afin d’y intégrer un troisième mandat du président, n’était pas au programme », a-t-il poursuivi.
« Le changement de l’article 154 de la Constitution a été abordé mercredi et tous les participants à la commission l’ont refusé », a affirmé à l’AFP Cyriaque Gonda, membre du Parti national pour un Centrafrique nouveau (PNCN).
« Des amendements sont à faire à la Constitution », a affirmé Albert Yaloké Mokpeme, porte-parole de la présidence, sans donner plus de détails. Dimanche, la quasi-totalité des partis de l’opposition avaient annoncé leur refus de participer, principalement parce que les rebelles n’y sont pas conviés – ce qu’ils savaient depuis 15 mois – et que le programme ne prévoit rien sur la « question de la crise post-électorale », c’est à dire la réélection non légitime à leurs yeux de M. Touadéra par une partie très faible du corps électoral.
L’opposition et les experts de la région ont critiqué un dialogue de réconciliation sans les principaux rivaux politiques ni ennemis armés du régime, estimant qu’il ne peut déboucher sur aucune avancée concrète en dehors de la promesse vague d’une « feuille de route » destinée à mieux intégrer l’opposition et la société civile dans la gouvernance du deuxième pays le moins développé du monde, selon l’ONU.
Ils jugent que le président ne fait que répondre à une exigence de la communauté internationale en tenant ce dialogue qu’elle finance. Et notamment de l’ONU, qui a placé depuis des années sous perfusion ce pays où la moitié de la population survit dans un état d’insécurité alimentaire aigüe et qui y a déployé depuis 2014 une de ses plus coûteuses missions de Casques bleus.
AFP