Un groupe armé a pillé près de 2.000 tonnes d’aide du Programme alimentaire mondial (PAM) au Darfour, région de l’ouest du Soudan ravagée par la violence, a indiqué mercredi un responsable à l’AFP.
« Nous sommes en train d’évaluer ce qui a été volé dans les hangars qui abritaient environ 1.900 tonnes de produits alimentaires », a déclaré ce responsable du PAM au Soudan. Mardi soir, « vers 20H00, nous avons entendu de nombreux tirs dans l’est d’Al-Facher », chef-lieu du Darfour-Nord, a rapporté à l’AFP un résident, Mohamed Salem, joint par téléphone.
La semaine dernière, le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres avait déjà condamné des « pillages et des violences » près d’une ancienne base logistique des Nations unies à Al-Facher remise aux autorités locales au début du mois. Le Darfour, vaste région régulièrement secouée par des heurts, notamment provoqués par des disputes territoriales ou les difficultés d’accès à l’eau, a connu une longue guerre qui a fait depuis 2003 au moins 300.000 morts et 2,5 millions de déplacés selon l’ONU.
Pour ces exactions, la Cour pénale internationale (CPI) exige de juger le dictateur chassé en 2019 Omar el-Béchir pour « génocide » et crimes contre l’humanité. Les miliciens arabes Janjawid, envoyés par le pouvoir de Béchir contre les différents groupes ethniques du Darfour, sont également accusés de « nettoyage ethnique » et de viols.
Depuis, des milliers d’entre eux ont été intégrés aux Forces de soutien rapide (FSR) du général Mohammed Hamdane Daglo, désormais numéro deux de la plus haute autorité de la transition au Soudan. En outre, plusieurs ex-chefs rebelles du Darfour ont intégré le nouveau pouvoir post-Béchir après avoir signé la paix avec Khartoum en octobre 2020.
Mais malgré cela, alors que militaires et civils de la mission de paix conjointe de l’ONU et de l’Union africaine (Minuad) se retiraient après 13 ans de mission, des affrontements tribaux et des attaques de milices ont de nouveau fait des centaines de morts, essentiellement au Darfour-Ouest. Près de 250 civils ont ainsi été tués dans des heurts entre éleveurs et cultivateurs ces seuls trois derniers mois.
L’ONU ne cesse d’alerter sur les dégâts créés par ces affrontements saisonniers pour les terres, l’eau ou les ressources qui ravagent maisons, champs et récoltes dans un pays où, en 2022, 30% de la population aura besoin d’une aide humanitaire –et en premier lieu les trois millions de déplacés, quasiment tous au Darfour.
AFP