L’Organisation internationale pour les migrations (OIM) a alerté, dans un rapport publié mercredi, sur le déplacement massif de populations dans le nord du Darfour, au Soudan. Entre les 11 et 12 février, environ 10.000 ménages ont fui le camp de Zamzam, situé à El Fasher, la capitale du Darfour du Nord, en raison de l’intensification des affrontements entre les Forces armées soudanaises (FAS), les Forces de l’Accord de paix de Djouba et les Forces de soutien rapide (FSR).
Selon l’OIM, ces familles se sont dirigées vers d’autres sites situés dans le Darfour du Nord, notamment dans les environs d’El Fasher et de Dar As Salam. L’agence, basée à Genève, a toutefois précisé que ces chiffres ne couvrent que les départs enregistrés sur deux jours et que la collecte d’informations reste limitée par des contraintes de financement.
Une situation de plus en plus instable
L’exode se poursuit avec l’aggravation des violences. Entre le 13 et le 15 février, 1.544 autres familles ont été forcées de quitter leurs foyers en raison de l’insécurité croissante. « La situation reste tendue et imprévisible », avertit l’OIM dans son rapport.
Le camp de Zamzam, qui abrite près d’un demi-million de déplacés, est particulièrement vulnérable. En août dernier, il a été le premier site du pays où l’état de famine a été officiellement déclaré. Aujourd’hui, après près de deux ans de guerre civile, le Soudan est la seule nation au monde confrontée à une famine officielle, qui s’est désormais étendue à cinq zones du pays, selon le Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC).
Des conditions de survie extrêmes
Outre le camp de Zamzam, la famine touche également les camps d’Abu Shouk et Al Salam, dans le Darfour du Nord, ainsi que deux zones dans les Monts Nouba, au sud du pays. Face à la raréfaction des vivres, les habitants adoptent des stratégies de survie extrêmes. « Des familles se nourrissent de coquilles d’arachides mélangées à de l’huile destinée aux animaux », rapporte l’OIM.
Mercredi, le porte-parole du Secrétaire général de l’ONU, Stéphane Dujarric, a dressé un tableau alarmant de la situation. « Environ 638.000 personnes sont confirmées en situation de faim catastrophique (IPC5) », a-t-il déclaré. De plus, 4,7 millions d’enfants de moins de cinq ans, de femmes enceintes ou allaitantes, et de jeunes filles souffrent de malnutrition aiguë.
Un appel à l’action pour éviter une catastrophe humanitaire
Face à cette crise sans précédent, l’ONU appelle à un cessez-le-feu immédiat et à un accès humanitaire désentravé. « Il est urgent d’ouvrir de nouveaux couloirs humanitaires, tant transfrontaliers qu’à travers les lignes de front, pour acheminer l’aide et empêcher des pertes humaines massives », a insisté M. Dujarric.
Malgré les efforts des organisations humanitaires, la situation continue de se dégrader. Le manque de financement et les contraintes d’accès rendent l’intervention difficile, alors que des milliers de personnes sont en danger imminent de famine. L’inaction de la communauté internationale pourrait avoir des conséquences désastreuses sur l’avenir de millions de Soudanais.
La rédaction